Blues, son des chaînes


 
Auteur : Zachary NelsonLigne de crédit : Unsplash

Auteur : Zachary Nelson

Ligne de crédit : Unsplash


La culture afro-américaine est aujourd’hui fortement mondialisée, notamment grâce à des musiciens comme le trompettiste et jazziste Louis Armstrong ou des films comme Black Panther du Marvel Comics Universe. Pour résumer, cette culture se base sur un fort désir de liberté et sur un travail de mémoire, issus tous deux du passé de la communauté afro-américaine. Mais, bien qu’approprié et revisité par de nombreux artistes n’appartenant pas à cette dernière, le blues questionne aujourd’hui sur les marques profondes de l’esclavage.

 

 

1. Le chant des larmes

L’objectif n’est pas de retracer tous les mouvements du blues, toutes ses déclinaisons actuelles qui ne sont plus uniquement liées à des musiciens afro-américains, mais plutôt d’en questionner la musicalité et ses origines premières.

L’histoire du blues est liée à l’histoire de l’immigration des colons européens qui partaient pour trouver leur rêve américain, ainsi qu’à l’histoire de la traite négrière, beaucoup moins rêvée par les nouveaux immigrants. Le blues retrace ainsi ce choc des cultures, mélangeant les chants et rythmes des terres africaines avec les langues et musiques européennes. Un cocktail qui domine le labeur des esclaves dans les champs de coton de Virginie ou entonnés par les « travailleurs » sur les chantiers.

Ces « petits airs » que souligne Thomas Jefferson en 1787 dans ses Notes on the State of Virginia entrent alors dans le folklore du sud des États-Unis. Pourtant, le son n’a rien d’une petite ballade populaire. Le terme « blues » renvoie à aux notes dites « bleues », c’est-à-dire la tierce, la quarte augmentée ou la quinte diminuée et la septième mineure.

Qu’est-ce que cela signifie ? Si j’ai réellement attisé votre curiosité pour les notes de musique, des vidéos sur Youtube sont plus à même de vous expliquer. Tout ce qui convient de retenir ici, c’est que ces notes visent à exprimer un profond sentiment de tristesse et de mélancolie à travers une plainte.

 

2. Une mélodie pour soigner les plaies ?

Si ce qui suit est subjectif, je crois également proposer une piste de réflexion personnelle qui ne donne pas hélas une solution au problème du racisme profondément ancré dans l’histoire et la société américaine.

Que nous apprend les origines du blues ? C’est un reflet de la société américaine : multiculturel, meurtri et témoin d’un passé trop présent aujourd’hui. Et pourtant, comme le blues qui s’est diversifié et mondialisé, les États-Unis sont en perpétuelle évolution. Un ex-président afro-américain, un mouvement civil mondialisé à l’image d’une culture abondante… la communauté afro-américaine est une des pierres angulaires de la société américaine.

Pourtant, la difficulté du travail de mémoire qui n’a jamais été entrepris par l’État fédéral et la culture de la violence inscrite dans la Constitution sont autant d’obstacles à la construction d’une nation américaine unie.

L’exemple de l’US Army ou celui du Civil Rights Act n’ont pas amené de solution à l’intégration d’une acceptation du multiculturalisme. Mais peut-être qu’avec la compréhension de l’histoire, et un peu de blues ?

Pierre Jouin