Les chrétiens et la répression, de 312 à 431


 

Claudio Schwarz

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Le vaste empire romain du quatrième siècle est par essence un empire multiethnique au sein duquel cohabitent de nombreuses religions. Le polythéisme, religion d’état, y est très présent et certaines religions plus minoritaires comme le christianisme sont toujours réprimées depuis le premier siècle. Les chrétiens, adeptes d’une religion encore presque marginale mais émergeante seront toujours privés de vivre leur foi jusqu’à l’intervention de Constantin Ier en 312.

Le christianisme est une religion monothéiste provenant de Palestine. Il est incarné par Jésus-Christ et fait son apparition vers l’année 30, après la crucifixion de Jésus de Nazareth, le Messie condamné à mort pour « trouble publique » et non-respect de la loi juive. Quelques communautés chrétiennes vont alors se créer, par le biais de plusieurs disciples de Jésus et cela dans de nombreux endroits tels qu’Alexandrie, Rome ou encore Antioche. Cette religion est véritablement minoritaire au sein de l’empire romain et le sera encore durant de nombreuses décennies. Le christianisme va néanmoins se diffuser progressivement malgré les nombreuses répressions impériales.

On entend ici par « répression » les actions de répression, de violences et de contraintes exercées sur des individus ou des groupes d’individus dans le but d’empêcher le développement d’un certain désordre qui pourrait menacer l’empire.

Très réprimé depuis le Ier siècle, le christianisme va connaitre, au début du IVème siècle, le prélude d’un renouveau. Soutenu par l’empereur romain Constantin Ier, le christianisme connaitra une véritable expansion au sein de l’empire. Cependant, son émergence se fait sur le long terme, la religion reste très minoritaire durant le règne de Constantin Ier. Le christianisme va tout de même rencontrer de nombreuses difficultés, la répression sera toujours très présente et cela plus particulièrement en Orient au début du IVème siècle.

Pour envisager les différents rapports entre répression, christianisme et empire, nous chercherons à comprendre de quelles natures étaient ces répressions, quelles en furent la gravité et l’impact sur la communauté chrétienne et comment le christianisme parvint à y survivre pour finalement s’imposer progressivement au sein de l’empire.

Nous évoquerons dans un premier temps la politique de Constantin Ier limitant la répression et permettant aux chrétiens de pratiquer leur culte plus librement ; puis nous mettrons en exergue les tensions internes au christianisme ainsi que la répression contre les hérétiques ; enfin nous étudierons le développement du christianisme à la fin du règne de Théodose.

1- Une politique religieuse limitant la répression du christianisme par Constantin Ier (313-337)

1.1- Le rétablissement de l’unité de l’Empire par Constantin Ier : «le sauveur des chrétiens »

              Après la mort de Galère en 311, quatre « Augustes » règnent sur l’ensemble de l’empire romain : Constantin, Licinius, Maxence, Maximin II Daïa. Très vite, de fortes tensions apparaissent entre ces empereurs. Le 28 octobre 312, lors de la bataille du pont Milvius, Constantin élimine Maxence et dans un même temps, Licinius défait Maximin II Daïa à la bataille de Tzirallum qui eut lieu en 313.

Deux empereurs dirigent alors l’empire romain, celui-ci, toujours uni, sera divisé en deux parties subjectives : l’Occident et l’Orient. Constantin règnera sur la partie occidentale de l’empire et Licinius quant à lui sera dévoué à l’Orient.

Une alliance nait entre les deux hommes, celle-ci est même renforcée par le mariage de Licinius avec la belle-sœur de Constantin : Flavia Julia Constantia.

Afin de faire régner la paix dans l’empire, Constantin et Licinius signent en 313 l’édit de Milan, édit fondamental dans l’histoire chrétienne puisqu’il légalise le christianisme, religion durement réprimée dans le passé. Cependant cet acte ne marque pas pour autant la fin des répressions à l’égard des chrétiens. Il semble que cet édit soit davantage symbolique. En effet, les répressions continuent et notamment en Orient. Constantin était à l’origine de cette mesure de légalisation de la religion chrétienne, et Licinius, bien qu’ayant accepté les volontés de Constantin, poursuivit tout de même les persécutions chrétiennes quelques années après l’Edit de Milan. Les relations ne tardent pas à s’envenimer entre les deux empereurs.

En Orient, Licinius impose une série de restrictions au culte des chrétiens à partir de 320, ses mesures anti-chrétiennes ne sont guère acceptées par Constantin. Les sources chrétiennes mentionnent les abus de Licinius qui se caractérisent par l’épuration de l’armée, des cérémonies religieuses reléguées hors des murs de la ville, l’interdiction des clercs de visiter les prisons, l’interdiction de la mixité des réunions liturgiques, des évêques chassés du palais impérial. Tout cela est perçu, par les chrétiens, comme une réelle humiliation, une injustice considérable.

Toutes ces actions de répression contre les chrétiens poussent Constantin à entrer en guerre contre Licinius. En 323-324, deux batailles ont lieu entre les deux augustes, Constantin sort vainqueur de la bataille d’Andrinople puis de la bataille de Chrysopolis. Licinius abdique alors le 19 septembre 324 à Nicomédie et sera tué en 325 tout comme son fils Licinius II en 326. Dès lors, Constantin apparait comme étant le « sauveur des chrétiens ».

1.2- Une égalité des religions et un favoritisme “chrétien” de la part de l’empereur

              Par la victoire de Constantin sur Licinius, la répression contre les chrétiens diminue sans pour autant disparaitre totalement. Le christianisme va même, au fil des décennies, posséder un statut égalitaire puis un statut privilégié par rapport aux autres religions présentes dans l’empire. Au début de son règne, Constantin se veut être le défenseur des religions minoritaires et souhaite une parfaite coexistence entre les religions. C’est d’ailleurs ce qu’il affirme : « Que personne ne moleste autrui pour lui imposer ce qu’il croit lui-même. Que chacun fasse profiter autrui, si possible, de ce qu’il a vu et compris ; sinon, qu’il s’abstienne. Car une chose est d’assumer volontairement le combat pour l’immortalité, une autre d’y contraindre par des châtiments. » (Vie de Constantin, 2, 60, 1.).

Constantin va, par la suite, se positionner davantage comme un défenseur du christianisme qu’un oppresseur des autres religions. S’en suit alors une législation favorable aux chrétiens. De nombreux droits leurs sont attribués comme l’exemption des « munera » pour les clercs des provinces ou encore la facilitation des legs aux Eglises. Si les chrétiens ne sont plus la principale cible de répression impériale, ce sont les polythéistes et les hérétiques qui le deviendront. Constantin commence à diminuer les droits des polythéistes en 319 avec la constitution contre l’haruspicine privée ou encore par d’autres constitutions limitant les pratiques magiques. L’empereur va afficher ses propres convictions chrétiennes, ce qui est véritablement nouveau pour l’empire romain. Il favorise nettement le christianisme, ce qui n’est pas sans risques car cette religion est très largement minoritaire à cette époque. Constantin ne contraint pas la population à se convertir au christianisme mais se déclare tout de même chrétien et garde le sacerdoce du polythéisme romain ; ce qui fait de lui un empereur incarnant le pluralisme religieux de l’Empire.

Peu à peu, les chrétiens, parviennent à développer leur religion au sein de l’empire et à pratiquer leur culte librement. L’arrivée de Constantin au pouvoir est déterminante pour les chrétiens puisqu’elle permet, si ce n’est l’abolition, au moins la réduction de leur répression. Le rapport de force semble s’inverser, les chrétiens, liés et soutenus par Constantin, vont s’imposer progressivement et diminuer l’importance des autres religions et courants hérétiques différents du christianisme.

L’historien Charles Pietri parle même d’un « durcissement » de la « politique religieuse » de Constantin à partir de 330. En tant que chrétien, Constantin finira par se montrer hostile au polythéisme notamment par le biais d’exécutions comme ce fut le cas du philosophe Sopatros d’Apamée ou encore par d’autres moyens tels que la destruction des livres du philosophe anti-chrétien Porphyre. Les chrétiens se rapprocheront toujours plus de l’empereur et iront par la suite, réprimer les hérétiques donatistes ou encore arianistes.

 2- Les tensions internes au christianisme et l’usage important de la répression contre les « hérétiques »

2.1- Le « donatisme » : élément essentiel de la répression interne

              Ainsi, le rapport de force semble s’inverser, les chrétiens durement persécutés les siècles précédents vont à leur tour réprimer. Cette répression sera interne puisqu’elle touche les hérétiques chrétiens, partisans du donatisme ou encore de l’arianisme. Ces deux courants sont qualifiés « d’hérétiques », par les chrétiens catholiques. L’hérésie peut être définie comme étant un choix particulier opéré au sein d’une doctrine. Jean-Marie Salamito, professeur d’histoire du christianisme antique à l’université de la Sorbonne, va plus loin et explique que : « l’hérésie naît d’une volonté de mettre en lumière un aspect de la foi qu’on estime mal compris. Dans bien des cas, l’intention est légitime, mais l’hérésie se développe parce que cet aspect est traité de manière unilatérale. » L’empire romain comme nous l’avons évoqué, est un empire multiethnique où les cultures, les langues et les religions diffèrent selon les territoires. Certaines religions vont évoluer d’une façon différente donnant parfois naissance à doctrines hérétiques comme ce fut le cas en Afrique du Nord.

Entre le IV et le Vème siècle, apparait une doctrine chrétienne jugée schismatique et hérétique par l’Eglise : le donatisme. Elle tire son nom de Donat le Grand, évêque de Cases-Noires en Numidie se situant en Afrique romaine. Le principal point de désaccord entre le donatisme et l’Eglise réside dans la dissension dogmatique, plus précisément dans le refus de validité des sacrements délivrés par les évêques qui avaient failli lors de la persécution de Dioclétien (303-305).

Le conflit débute en 312 à Carthage lors de la succession de l’évêque Mensurius et s’installera notamment en Occident où les chrétiens étaient majoritairement catholiques. La nomination de son successeur : Caecilianus est contestée car celui-ci avait été ordonné prêtre par Mensurius, évêque « traditor » qui signifie « traitre ». Son ordination n’était alors pas valable pour les donatistes, et de ce fait, il ne pouvait plus être évêque. L’évêque Donat, par le soutien de soixante-dix évêques du Numidie, choisi un autre évêque, qu’il va mettre en place : Majorinus. Cette affaire prend rapidement de grandes proportions et Constantin Ier en personne va s’impliquer dans le conflit.

Sollicité par les deux partis, il soutient dans un premier temps les chrétiens catholiques et, par un concile en 313 au palais de Latran, il qualifie les donatistes de « schismatiques ». En 317, Constantin ordonnera la dissolution des communautés donatistes ce qui précipitera leur répression.

Usant de mesures répressives à l’égard des schismatiques depuis plusieurs années, Constantin décide de les suspendre le 8 mai 321 par l’édit de tolérance. Plus tard, il choisit de cesser les querelles religieuses qui perduraient et envoie vers 340, deux commissaires en Afrique, chargés d’apaiser les tensions. Donat refuse toute subside et une répression armée a lieu contre les donatistes. Les violences continuent et les donatistes sont réprimés. Dans un même temps, les catholiques renforcent leur influence : les mesures de 326 et 328 prévoient que le monopole des privilèges soit accordé aux clercs.

Le donatisme perdure tout de même après la mort de Constantin en 337. Constant, empereur de 337 à 350 ne va pas réellement persécuter les schismatiques et Julien son successeur n’en fera pas davantage. Malgré quelques conflits, s’opérera ensuite une certaine tolérance de la doctrine donatiste, jusqu’à 393. La répression impériale sera très importante de 405 à 410, de 412 à 414 ainsi qu’en 425 et en 428. Elle ne sera pas seulement physique mais passera aussi par des lois portant par exemple sur la confiscation des lieux de cultes ou la mise en place de taxes financières.

           

2.2- L’arianisme, un courant aussi réprimé

    Les chrétiens, s’imposent en réprimant les donatistes mais aussi en persécutant d’autres schismatiques issus d’une doctrine différente du donatisme : l’arianisme. Il s’agit d’une doctrine christologique non trinitaire. Elle apparait au début du IVème siècle et va se répandre sur la partie orientale de l’empire romain, où les chrétiens sont principalement orthodoxes. Elle est incarnée en la personne d’Arius, prêtre, savant et ascète à Alexandrie.

Celui-ci précise la différence entre le Père et le Fils (le Logos). Il explique que le père est « inengendré » contrairement au fils qui est « engendré ». Cette différence entre ces deux notions glisse vers une différence entre « incréé » et « créé », ce qui va poser problème chez les chrétiens. De nombreuses plaintes contre Arius sont exposées à Alexandre, évêque d’Alexandrie qui tente alors de soumettre Arius mais sans succès. En 322, Arius est excommunié par Alexandre et en 324, un synode élit Eustache évêque qui condamne Arius et qui excommunie Eusèbe de Césarée, principal allié d’Arius. Eusèbe de Nicomédie, autre soutien d’Arius sera lui aussi excommunié par Constantin I et réhabilité en 328.

En 325, Constantin convoque tous les évêques de l’empire romain, les chiffres varient selon les sources, on compte environ 250 évêques selon Eusèbe de Césarée. Constantin favorise Athanase d’Alexandrie, celui qui avait procédé à l’excommunication d’Arius. Cependant il ne parviendra pas à supprimer cette doctrine malgré la répression effectuée. Contrairement aux persécutions contre les donatistes, on perçoit ici, une répression davantage intellectuelle que physique par le biais des excommunications et autres interdictions à l’égard des schismatiques.

Les empereurs, succédant à Constantin Ier, oscilleront entre le soutien aux chrétiens orthodoxes ou aux ariens. Ces derniers établissent leur prépondérance entre 325 et 361 par le soutien de l’empereur Constance II mais cela bascule lors du règne de Théodose Ier, qui de 361 à 381, va être favorable aux « trinitaires ». Il va convoquer le premier concile de Constantinople qui va alors trancher en faveur des chrétiens orthodoxes selon le dogme proclamé par le Symbole de Nicée-Constantinople. Le christianisme, par la disparition de l’arianisme, réussi à s’imposer dans la partie orientale.

 

3- Le basculement total pour le christianisme, avec la fin du règne de Théodose, qui devient la religion officielle de l’empire 

3.1- Basculement déterminant et prépondérance chrétienne

              La répression des schismatiques en Occident comme en Orient permet le développement de la communauté chrétienne dans l’empire romain, celle-ci s’affirme et se rapproche toujours plus du pouvoir impérial. Toutes ses répressions internes auront permis aux chrétiens de changer de statut. Ces derniers, très persécutés les siècles précédents, persécutent à leur tour les hérétiques avec le soutient de Constantin Ier ainsi qu’avec celui de ses successeurs.

Le règne de Théodose marque une étape majeure pour les chrétiens ; proclamé empereur en 379 par Gratien après la mort de l’empereur de Valens à la bataille d’Andrinople en 378, il sera déterminant dans le triomphe du christianisme nicéen contre la doctrine arienne comme nous l’avons expliqué. Gratien, empereur de l’empire romain d’Occident et Théodose Ier, empereur de l’empire romain d’Orient vont adopter une politique commune : faire du christianisme la religion unique et officielle de l’empire romain. Cela passera par l’édit de Thessalonique, le 28 février 380. A partir de cette date, les répressions continueront contre les schismatiques et celles-ci s’accentueront dès 411 avec la conférence de Carthage qui condamnera définitivement l’hérésie donatiste. C’est entre 412 et 428 que les donatistes seront véritablement persécutés et que leur influence diminuera grandement.

Dès la fin du IVème siècle, la prépondérance chrétienne s’enracine au sein de l’empire. Cette communauté est protégée par le pouvoir impérial qui réprime les doctrines hérétiques. Dès lors, les chrétiens ne sont plus persécutés mais deviennent les persécuteurs, que cela soit envers les hérétiques ou encore envers les polythéistes. Ces derniers, avec l’arrivée de Théodose I au pouvoir feront l’objet de nombreuses persécutions.

3.2- Persécution de la part des chrétiens envers les païens : les chrétiens, de persécutés à persécuteurs

              Les anciens cultes païens seront interdits par l’édit de Thessalonique en 380. Des répressions armées auront lieu contre les polythéistes.

Certains pourront y voir un acte de vengeance en réponse aux nombreux massacres et répressions subies par eux même du Ier au début du IVème siècle.

Sous Constantin Ier, une législation impériale contre le polythéisme est imposée et celle-ci se montre davantage drastique sous Théodose Ier. Nous pouvons le constater par le code théodosien qui promulgue un certain nombre de lois contre les païens.

La loi 10.2 de ce code théodosien affirme cette volonté de répression contre les païens, elle interdit toute forme de sacrifices, ce qui revient à supprimer tout culte public. Les païens sont réprimés dans leur culte et ne peuvent l’exercer librement.

La loi 10.19 ordonne la réquisition des lieux de cultes païens par le pouvoir impérial, un grand nombre d’entre eux est détruit puis reconstruit sous forme d’Eglise. Il est évident que le lien entre le pouvoir impérial et l’Eglise est très important, nous le voyons une nouvelle fois par cette loi, puisque les évêques chrétiens coordonnent la répression contre le paganisme. La répression physique était moins importante, les mises à mort étant minoritaires. Cependant les païens étaient comme étouffés par le pouvoir impérial qui ne lui laissait guère de liberté, la répression était très active et violente.

Une répression physique de la part de Théodose s’effectuera en 394, il écrase l’usurpation d’Eugène qui avait été proclamé co-empereur romain d’Occident en 392 après la mort de Valentinien II. Celui-ci bien que chrétien, favorisait les cultes païens, avait même annulé certaines mesures appliquées en Occident par Théodose Ier. Il était le dernier empereur de l’empire romain unifié puisqu’en 395 a lieu la séparation de l’empire en deux parties distinctes : l’empire romain d’Orient et l’empire romain d’Occident.

L’émergence chrétienne s’accentue sous Théodose II, en effet, il convoque en 430 le troisième concile œcuménique de l’histoire du christianisme. Ce concile, appelé concile d’Ephèse, à lieu le 22 juin 431 et condamne le nestorianisme et le qualifie « d’hérésie ». Cette doctrine était, comme le donatisme et l’arianisme : schismatique. Le concile assoit la domination des chrétiens et dans un même temps, il fixe également le dogme de la Vierge Marie Théotokos : « mère de Dieu ». Les chrétiens vont donc à nouveau user de la répression contre les hérétiques. Ces derniers semblent être très utiles à l’union des chrétiens, puisqu’ils forment un ennemi commun pour les chrétiens, voulant nuire à la doctrine chrétienne. L’arrivée de doctrines schismatiques semblent renforcer et non déstabiliser la communauté chrétienne.

 

Pour conclure, on peut souligner le rôle essentiel de Constantin Ier dans la protection des chrétiens. Il est le premier empereur à leur permettre d’obtenir un statut égalitaire puis un statut privilégié. Les chrétiens se sont saisis de la répression comme d’un outil leur permettant d’assoir finalement leur prépondérance au sein de l’empire et les persécutés sont ainsi devenus persécuteurs. Cela semble paradoxal puisque la répression contre les chrétiens du Ier au début du IVème siècle, mis en difficulté d’une façon non-négligeable le christianisme et c’est cette répression, cette fois-ci utilisée par les chrétiens, qui permet l’unité et l’expansion de la communauté chrétienne ainsi que le rapprochement du christianisme vers le pouvoir impérial. Les doctrines hérétiques, sont des menaces qui, une fois maitrisées, participent à l’union des adeptes et au renforcement du courant majoritaire. La répression des hérétiques et des polythéistes, ainsi que le soutien impérial, ont donc permis aux chrétiens de s’affirmer au fil du temps. Il aura fallu quatre siècles de souffrance et de lutte pour que ce petit groupe religieux devienne religion officielle de l’empire.

 

 

Sacha Nizet