Introduction à la philosophie confucéenne


 
The Ten Great Disciples of Confucius (Komon jittetsu)Yashima Gakutei. Japon, 1823-33Ligne de crédit : Gift of Helen C. Gunsaulus

The Ten Great Disciples of Confucius (Komon jittetsu)

Yashima Gakutei. Japon, 1823-33

Ligne de crédit : Gift of Helen C. Gunsaulus


Confucius, père de la philosophie asiatique

Confucius est le plus grand penseur chinois, dont la philosophie a traversé les âges pour arriver jusqu’à nous. Il lui arrive souvent d’être comparé à Socrate dans les pays européens. Si leurs idées diffèrent, leurs influences sur les continents d’où ils proviennent permet de leur trouver un point commun: tous leurs successeurs ont dû critiquer ou défendre leurs idées, se déclarer pour ou contre eux. Le mathématicien Alfred North Whitehead disait même de la philosophie occidentale qu’elle n’était, au fond, rien d’autre qu’une série de notes en bas de pages des ouvrages platoniciens. On pourrait en dire autant au sujet de Confucius sur le monde des idées asiatique.

Confucius est donc, en quelque sorte, un point d’origine. Mais quelles sont ses idées, ses thèmes de prédilection?

Confucius, penseur des relations humaines?

Confucius est avant tout un penseur politique, né dans une période troublée en 551 av J.-C., il est le témoin de guerres entre clans pour le pouvoir et du délitement de la société. C’est en réaction à ces problèmes qu’il réfléchit sur la meilleure façon de gouverner un peuple, sur les relations que celui-ci doit avoir vis-à-vis de son souverain et de ses semblables. 

La politique, au sens de « cité », de relation entre les Hommes. Via le politique, c’est donc la question sociale qui est visée, car pour qu’il y ait un respect de la hiérarchie il faut des Hommes sur lesquels régner. Et eux aussi doivent être actifs en société pour créer les meilleures conditions de vie possible. Le souverain a certes beaucoup à faire pour diriger son peuple dans le droit chemin, mais cela ne va pas sans une certaine rigueur que ce-même peuple doit suivre avec assiduité.

La philosophie confucéenne repose dès lors sur le volontarisme. Il faut y mettre du sien pour sortir de la médiocrité et sortir les autres de la médiocrité. Nous ne sommes pas déterminés par les dieux, il est de notre responsabilité d’être un meilleur fils, sujet, amis, … La nature ne nous rendra pas meilleure à notre place

Ainsi, l’idée principale de Confucius sur son volet social peut se résumer par cette formule:

« Tout en voulant s’établir soi-même, établir les autres; et tout en voulant se perfectionner soi-même, perfectionner les autres »

La philosophie confucéenne se veut donc également être un humanisme. C’est l’Homme qui est la mesure de toute chose dans son environnement. S’il fait l’effort d’être bon pour lui et ses semblables, la société et sa vie n’en seront que meilleures. On voit alors que pour suivre la voie tracée par Confucius, il faut fournir un effort constant, sur soi et son rapport aux autres. La stabilité du royaume ou du pays est en jeu. Un peuple qui ne progresse pas, qui ne s’élève pas ou qui privilégie l’individualisme ne saurait être prospère. Cette tension permanente qui doit pousser l’Homme à s’améliorer, Confucius la retranscrit avec ces métaphores:

« Prenons comme exemple du perfectionnement de soi l’érection d’un monticule: si je m’arrête alors qu’il reste encore un panier de terre à déverser pour compléter mon travail, je cesse de progresser. Prenons comme autre exemple l’aplanissement d’un terrain: si je poursuis, après avoir déversé un seul panier de terre, je continue de progresser. »

Du cas particulier vers le général. S’examiner soi pour examiner autrui.

Confucius a donc à cœur de fournir une philosophie pratique, de tous les jours voire de tous les instants. Pas d’Idées transcendantales ou de Surmoi ici, seulement des concepts que l’on peut empiriquement mettre en œuvre, de suite.  

Ce parcours progressif vers la perfection, Confucius le souhaite sans que ceux qui connaissent des failles ne soient mis à l’écart. La mansuétude à l’égard des autres est primordiale pour que chacun avance de concert. Pour prendre une image parlante, Confucius aurait pu prononcer le fameux « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre. » mais il formule l’idée en ces termes: 

« Rencontres tu un sage, pense à l’égaler. Rencontres-tu un homme dépourvu de sagesse, examine toi ». 

Ainsi, pour conclure cette brève introduction, il faut avoir à l’esprit que la philosophie confucéenne se veut universelle, il est question de voir dans le particulier ce qui est universel, de discerner dans un caractère ce qui peut être dans le caractère d’un autre. C’est par cette observation et cette étude qu’on peut ensuite définir le bien, la voie à suivre pour s’élever soi-même avec ses semblables. Le social, via la gestion des liens interpersonnels, est au cœur des thématiques de Confucius et un des principaux éléments à retenir de ses écrits.

À suivre…

Emilien Pigeard



Sources :

Les Entretiens, Confucius