La main s’ouvre


Ivan Kramskoï, Le Christ dans le désert, 1872 (huile sur toile, galerie Tetriakov de Moscou)

Source : Wikipédia


A la main sûre s’ajourne la nuit

Toutes veines tendues à la finitude ;

A la masure du sang, l’ennui

Est ce désir des sens à l’immense étude

De ce qui existe et toujours s’enfuit.


Les doigts s’ensuivent comme une consonne inconnue,

Il faut bien tonner son point !

Pour ouvrir la paume nue

Et donner, entre cinq témoins,

La main au monde, sans retenue ;


Il suffirait d’un doigt replié sur lui-même

Ou d’une chamaille manuelle,

Et l’on voilerait celle qui sème :

Le lotus écarte toujours son diadème.


Humble, le dos vers la terre,

Que tout puisse trouver le repos

Au creux, dans les sillons, le long d’une manière, 

Compagne du vide entre les sauts

D’atomes et de lumières.


A la main jointe à son amante

Tout devient Un et s’incline,

L’espace se replie à l’immanente

Ellipse ; le temps s’abîme

Entre les mains sans tête ni ventre.


Samir Moinet