Henri Landru ou le « Barbe-bleue de Gambais »


Claudio SchwarzLigne de crédit : Unsplash

Claudio Schwarz

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Henri Désiré Landru est né le 12 avril 1869 à Paris et est mort le 25 février 1922 à Versailles. Il est célèbre pour avoir été le premier tueur en série français.  Il est surnommé « Barbe-bleue de Gambais », il a assassiné et brûlé onze personnes dont dix femmes. Il fait l’objet d’une enquête majeure au XXème siècle.

 

Henri Landru est issu d’une famille modeste et connait une enfance heureuse. Il sera bien des années plus tard, marié avec sa cousine Marie Catherine Rémy (en 1893) et père de quatre enfants. Cependant, il sera difficile pour lui de subvenir à ses besoin et ceux de sa famille du fait de sa situation irrégulière. Landru enchaîne une dizaine de métiers (plombier, couvreur, comptable, cartographe etc…) mais ne parvient pas à bien gagner sa vie.

A partir du début des années 1900, Landru va tomber dans l’escroquerie et sera très vite condamné et emprisonné. Il se verra contraint de payer de nombreuses amendes. Il ne fera néanmoins pas beaucoup de prison, ses crimes n’étant pas des crimes majeurs.

En revanche, dès 1909, Landru est condamné pour avoir volé de l’argent à une femme nommée Jeanne Isoret, une femme qu’il aurait séduite. Cette condamnation marque le début d’une grande série de vols et d’assassinats.

Landru, selon les autorités aurait d’ailleurs un profil psychologique bien particulier, il est presque considéré comme fou ou comme un homme n’étant véritablement pas normal. Cela se constate lors de la terrible enquête de « Barbe-bleue de Gambais » qui commence en 1915. En 1914, Landru est condamné à une peine de prison suite à une escroquerie liée à l’achat et à la revente d’un garage. Il parvient tout de même à prendre la fuite et à échapper aux autorités. Depuis cette affaire, Landru est contraint de vivre de la façon la plus anonyme qui soit.

 

              Le contexte était particulier au début du XXème siècle notamment à cause de la première guerre mondiale, Landru a su en tirer profit en se faisant passer pour un veuf en utilisant des noms différents. Ainsi, il parvient à faire la connaissance d’environ 300 femmes par le biais d’agences matrimoniales. Landru analyse chacune de ces femmes et cherche à en tirer un maximum d’argent en les séduisant puis en les volant. N’ayant pas d’atouts physiques mais étant séducteur et drôle, il parvient à être convainquant et à obtenir ce qu’il souhaite, il invite certaines femmes qu’il a soigneusement sélectionné au préalable, à séjourner dans des pavillons à Gambais. Une fois logées, Landru récupérait leur argent et les assassinait. Il a ainsi tué une dizaine de femmes entre 1915 et 1919.

Son plan semblait être parfait mais jouant sur plusieurs tableaux, Landru se prend peu à peu à son propre piège. De nombreuses incohérences interpellent le maire de Gambais, qui fera ouvrir une enquête, menée par le commissaire Dautel.

 

              L’enquête débuta et les témoignages des habitants de Gambais commencent à affluer, de plus, les fumées noires, très marquées ainsi que l’odeur très désagréable accentuaient les soupçons des inspecteurs. Selon de nombreux témoignages, l’homme arrivait très souvent accompagné d’une femme mais repartait toujours seul de ces pavillons. L’on peut citer (par ordre chronologique) onze victimes, un homme et dix femmes : Jeanne Cruchet, André Cruchet (fils de Jeanne), Thérèse Laborde-Line, Marie-Angélique Guillin, Berte-Anna Héon, Anna Colomb, Andrée-Anne Babelay, Célestine Buisson, Louise-Joséphine Jaume, Anne-Marie Pascal et Marie-Thérèse Marchadier.

Le 19 août 1919, Landru est arrêté à Paris par les inspecteurs Brandenburger et Jules Belin, après avoir été reconnu par l’un des amis d’une victime. Après un excès de colère lors de son arrestation, Landru ne dit plus un mot et demanda un avocat par la suite.

 

Cependant, il semble que Landru ne puisse se défendre, toutes les preuves étaient contre lui : que cela soit les vêtements des victimes retrouvés dans les pavillons, le reste de certains ossements ou encore des gros tas de cendres. De plus, son journal personnel est retrouvé, dans celui-ci, il racontait le déroulement de ses rencontres. On compte 283 femmes nommées dans son carnet, ces dernières sont « triées » et « répertoriées » tel du bétail que l’on vendrait. Ces femmes constituaient pour Landru, une véritable source de revenus.

 

              Son arrestation fait grand bruit, en effet, aux élections législatives de 1919, environ 4000 bulletins portaient le nom de « Landru », de plus, il reçut plusieurs milliers de lettres dont beaucoup stipulaient une demande en mariage. Celui-ci était véritablement connu après la guerre, c’était l’un des premiers tueurs en série français. Le procès à lieu deux ans plus tard, le 7 novembre 1921 à la Cours d’Assises de Seine-et-Oise à Versailles. Il est d’ailleurs très médiatisé et toute l’aristocratie se bouscule pour y assister. Landru est défendu par son avocat : Moro Giafferi, un orateur très renommé. Landru affirme qu’il est un escroc et non un assassin mais cela ne suffit pas, Giafferi va alors tenter un coup de maitre devant le président du procès : Gilbert. L’avocat décide d’appeler à la barre, l’une des victimes présumées. A ce moment, tout la salle se retourne vers la porte et pense l’apercevoir. Personne ne vient, et Giafferi fait remarquer au président qu’en se retournant, tout le monde avait un doute concernant cette histoire. S’ils étaient certain que la femme était morte, personne n’aurait réagi de la sorte.

En revanche, l'avocat général remarque que seul Landru n'a pas détourné le regard, en effet, seul lui le sait. Il n’a pas espérer la voir car il connait la vérité, il sait qu’il l’a tué et qu’elle ne peut réapparaitre, ce que souligne parfaitement le président. Prenant cet élément en compte ainsi que les nombreuses preuves contre Landru, il est décidé que Landru était coupable, son recours en grâce est rejeté par le président de la République de l’époque : Alexandre Millerand. Il est alors condamné à mort le 30 novembre 1921 et est guillotiné le 25 février 1922.

 

 

Sacha Nizet