Le café et le croissant


Crédits : Unsplash (Steve Harvey)


Ce matin, il y a ce soleil discret. Il y a ce mal de tête bien mérité. Il y a mes yeux subjugués et une lueur étincelante dans le fond de mes organes. Il y a cette eau, cette plage. Il y a ce café bien chaud et ce croissant. Il y a cette pensée :

Ce temps nous abandonne : l’esprit diminue, le cœur aussi. Je suis victime de mon temps, de ce temps qui ne me veut pas ; je suis, comme le dit si bien l’autre Ardennais, esclave de mon baptême. Il aurait fallu de suite changer de temps, cette impossibilité. Qu’avons-nous fait des valeurs nécessaires à notre vie ? (un grand rien !). Qu’avons-nous fait de notre réalité ? (un simple jeu !). Qu’avons-nous fait de notre terre ? (un habitat inhabitable !). Qu’avons-nous fait des autres, qu’avons-nous fait de leur corps et de leur esprit ? (des marchandises !).

Le monde m’abandonne, alors j’use d’une violence réfléchie pour simplement le cogner… Rien ne se passe. Ce monde et ce temps sont là, nécessairement là, présents dans leur finité infinie. Je vois ici et maintenant un putsch doux et continu, inauguré par la bêtise, qui a déclenché l’incompréhension, un brouillard intellectuel et une misère généralisée. Nous héritons, j’hérite de cela (sublime !). Je le crains : la marche de l’esprit, et donc de la vie, avance aveuglément dans un labyrinthe de faux-semblants et de virtuel.

Déjà submergé, que faire ? Je suis déjà en retard, alors il vaut mieux se laisser couler pour reprendre de l’oxygène. Déjà dépassé, que faire ? S’abîmer encore et encore pour trouver de la lumière. Tant pis ! Continuez dans ce temps et dans ce monde, je vous suis à ma manière… en vous tournant le dos ! Continuez, je continue aussi… dans ma haine spatio-temporelle. Je continue, avec une santé de fer, dans cette maladie globale. Je continue, mais les doutes surgissent… Je continue, mais s’éloigne sans doute la foi… Je suis pris quoi qu’il arrive… je suis là, nécessairement là.

…Ce matin, il y a ce café et ce croissant. Il y a cette tête qui peu à peu devient plus légère.

Jean


Écrivez-nous

Vous aimerez aussi :

Les aubépines de Heidelberg

Dimanche 22 mai 2022