Le désert pour lit

Odilon Redon, Les Yeux clos, 1890 (huile sur carton, Musée d’Orsay de Paris)

Source : Wikipédia


Le sommeil pèse si fort,

La nuit pose ses pierres sur mes yeux,

Et le souffle fiévreux des dunes

Ne me laisse pas sans la houle des rêves.


Les bêtes me foulent la tête de leurs pas sans chaînes,

Elles sont vol d’hirondelles à mon cœur,

Je m’en vais on ne sait où

A l’ailleurs du corps

Et ne reviens à moi qu’en ayant traversé

Des pays de sable

Des nuits durant

Ou le temps d’un songe.


Les limbes de l’éveil me sont un désert sans mains

Seule une profonde ancre à mes yeux me retient ;

Perdre corps c’est comme prendre souffle,

Sans souvenance, sans oubli,

Je viens d’ailleurs à chaque aube,

Quand je soulève les pierres creuses,

Moules nuiteux de mes yeux.


Samir Moinet