Madeleine Pauliac : une héroïne méconnue


 
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Photo de l’Escadron Bleu

Ligne de crédit : Wikipédia


Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les femmes ont montré leur bravoure et leur courage. Mais, avez-vous déjà entendu le nom de Madeleine Pauliac, cette médecin qui a sauvé des centaines de prisonniers français ? Partons à la découverte de cette femme héroïque et modeste qui a fait passer son altruisme avant tout.

Madeleine Pauliac, élevée par sa grand-mère, a eu une éducation en avance sur son temps la poussant à l’indépendance. Quand la guerre éclate, elle fait partie des 350 femmes médecins de France et travaille dans un hôpital pour enfants. Elle intègre un réseau de résistance où elle soigne et s’occupe des parachutistes anglais. Puis, elle participe en 1944 à la Libération de Paris. Volontaire et déterminée, elle suit les soldats par ses propres moyens et s’occupe des blessés lors de la campagne d’Alsace et des Vosges. Son tempérament et sa dévotion seront reconnus puisqu’elle sera nommée médecin lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur. Quelques mois avant la fin de la guerre, on lui confie une mission de la plus haute importance : rapatrier les prisonniers français gardés par les soldats russes.

Ils sont 300 000, dispersés dans une Europe de l’Est en ruines et sous le joug des soviétiques. Elle quitte Paris pour Moscou où elle prend tout le matériel médical qu’elle peut, et part pour Varsovie. Elle découvre une ville dévastée, les souffrances des habitants et la grande précarité médicale. Près de l’ambassade de France, encore debout, un hôpital français a été monté. Elle travaille avec la Croix-Rouge et part mener ses missions. Elle doit également écrire des rapports pour le gouvernement français afin d’établir un bilan de la situation. 

Elle est rejointe par un groupe de 11 femmes de 20 à 27 ans, infirmières de la Croix-Rouge. Avec peu de matériels et au péril de leurs vies, elles parcourent plus de 40.000 km afin de remplir 200 missions. Pendant huit mois, elles ont fouillé plus de 200 camps pour extirper les prisonniers français (soldats, déportés, des membres du STO, des résistants ou des Malgré-Nous). C’est une véritable course contre la montre car les tensions entre l’Ouest et l’Est ne cessent de s’intensifier. Le rideau de fer va bientôt tomber et Charles de Gaulle ne veut pas perdre tous ces français qui pourraient disparaître dans les goulags russes. 

Cette mission, peu connue du public, a tout d’un film héroïque. Leur détermination et leur courage ont permis à l’Escadron Bleu de se sortir de plusieurs situations, voire même sous les balles. La barbarie soviétique est présente, les jeunes femmes s’occupent de la souffrance de milliers de femmes polonaises qui ont été violées. Le 29 avril 1845, elles assistent à l’ouverture du camp de Dachau et découvrent une horreur sans nom. De plus, elles doivent faire face à un manque de moyens dus à un manque de financements. La pénurie médicale est là. Mais, leurs missions sont des réussites, elles sauvent des centaines de français par voie aérienne.  

En plus de parcourir la Pologne pour le gouvernement français, Madeleine Pauliac aidait les populations dans le besoin. Elle a soigné dans le plus grand secret des religieuses polonaises qui ont été victimes de viol par les nazis en déroute puis par les soviétiques. Elle les a accompagnées dans leur accouchement et les a soignées. En effet, le couvent risquait de fermer si l’Eglise apprenait cette situation enlevant toute tutelle sécuritaire pour ces religieuses. Madeleine œuvrait donc en silence, empruntant du matériel à l’hôpital français. Le film « Les Innocentes » sorti en 2016 s’est inspiré de cette partie de la vie de Madeleine, montrant avec précision les émotions de ces femmes meurtries dans une Europe encore divisée. Elle a même rapatrié des nouveau-nés dont les mères ne voulaient pas en France afin qu’ils soient adoptés. Pour éviter les rumeurs, elle a l’idée de créer un orphelinat avec certains enfants de ces religieuses et les orphelins de la guerre. Elle a le soutien de la Croix-Rouge française et polonaise ainsi que de l’ambassadeur des États-Unis.

Sa mission se termine quelques mois après la fin de la guerre, elle doit repartir en France. Mais, elle n’arrive pas à réintégrer la « vie normale » et décide de repartir en Pologne pour fonder son orphelinat. Elle meurt le 13 février 1946 dans un accident de voiture près de Varsovie sur les routes glacées.

Madeleine Pauliac a été ensuite oubliée dans une France en reconstruction qui voulait laisser derrière elle les horreurs de la guerre. Son neveu, Philippe Maynial, décide de partir à la recherche des indices de sa vie et retrace toutes les missions conduites par Madeleine et l’Esquadron Bleu dans son livre Madeleine Pauliac l’insoumise sorti en 2017. L’histoire de Madeleine fait partie de la grande Histoire, c’est un exemple de personne dévouée pour les autres dont chacun peut s’inspirer.

Marine


Pour aller plus loin…

Le film “Les Innocentes” d’Anne Fontaine sorti en 2016

Le livre “Madeleine Pauliac l’insoumise” écrit par Philippe Maynial en 2017

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