Le maintien de l’ordre en France durant la Première Guerre Mondiale


 
Claudio SchwarzLigne de crédit : Unsplash

Claudio Schwarz

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Dans le début des années 1900, on perçoit diverses tensions diplomatiques, la menace de guerre augmente constamment. L’Etat français cherche alors à se préparer ainsi qu’à anticiper d’éventuelles difficultés. La projection d’envoi massif des forces de l’armée, de la police et de la gendarmerie sur le front inquiète fortement le gouvernement.

 

Le 9 juillet 1913, la circulaire du ministre de l’intérieur met en exergue cette volonté de maintenir l’ordre à tout prix pendant la guerre. Le gouvernement craint un « espace libéré » pour la délinquance, en l’absence des autorités. La gendarmerie et la police seront considérablement plus vulnérables et en sous-effectif sur la partie arrière du front, il est donc nécessaire de trouver une solution.

 

Mais que faire ? La réponse à cette question est la garde civile. On perçoit, en 1914, une organisation d’une sorte de réserve de la police. Les policiers partis au front sont remplacés par des volontaires, sélectionnés parmi les retraités. Ils ne possèdent pas d’équipement particuliers, seulement un brassard vert symbolisant leur appartenance à la garde civile.

 

La mission de ces gardes civils était le maintien de l’ordre en l’absence des autorités, ils devaient également interdire l’arrivée d’étrangers et de vagabonds dans les villages notamment. Cette garde civile ressemble fortement à une milice locale que le gouvernement aurait levé en temps de guerre. Cependant on perçoit des bavures fréquentes ainsi que de nombreux incidents. Ces “brassards verts”, armés de fusils de chasse pour la plupart, utilisaient leur statut à mauvais escient. Beaucoup d’abus sont relevés ce qui va obliger le gouvernement à dissoudre cette organisation.

 

Selon le préfet de la Manche, ces membres de la garde civil n’étaient pas des gens recommandables. En réalité ils posent plus de problèmes qu’autres choses. Cette garde civile s’avère inefficace et inutile, en effet, les français étaient disciplinés, prudents et très patriotiques pendant la première guerre mondiale. Les estimations des spécialistes concernant une hausse de la délinquance en France étaient erronées.

 

Il n’y avait que très peu de criminalité, le projet de garde civile est donc supprimé, peu de temps après avoir été mis en service.

On constate un élément majeur : les policiers étaient irremplaçables du fait de leur professionnalisme et de leurs compétences. C’est d’ailleurs ce que souligne le commissaire de Raincy : « il faut assez longtemps pour former passablement un agent de police. La fonction est beaucoup plus délicate et complexe que l’on ne croit ».

 

Il faut également insister sur le fait que la police et la gendarmerie étaient toujours présentes dans "l’arrière”, elles étaient seulement très diminuées, en effet, l’effectif de la police et de la gendarmerie était le suivant : moins nombreux et plus âgés. Il était légitime de penser à renforcer les forces de l’autorité par le biais de la garde civile mais finalement, cette dernière n’était pas nécessaire et même nuisible. La plupart des hommes étaient partis sur le front, de par ce fait, les risques de délinquance se réduisent. On perçoit alors un nouvel équilibre entre la population réduite et la gendarmerie/police réduite également.

 

La gendarmerie était très demandée sur le front notamment pour exercer la « police des champs de bataille », environ 4/5 des gendarmes vont passer par cette prévôté. Le service durait un an (alternance avec les autres gendarmes) et le but de cette mission était d’empêcher les civils d’entrer sur le front mais aussi les soldats d’en sortir. Les gendarmes étaient aussi chargés de la logistique et de l’acheminement. Leurs actes étaient véritablement impopulaires, les années 1914 à 1918 marquent une rupture entre la gendarmerie et la population française. Lors du retour « à la normale » de la gendarmerie après la guerre, celle-ci voit ses rapports avec les civils se dégrader considérablement. Leur mission, nécessaire selon le gouvernement, a ternie d’une façon non négligeable, l’image de la gendarmerie, et dans certaines mesures, l’image de l’autorité en France.

 

 

Sacha Nizet