Les Grands Portraits : Alexandre Le Grand


Alexandre sur la Mosaïque de la Bataille de Gaugamèles, Maison du Faune, Pompéi

Alexandre sur la Mosaïque de la Bataille de Gaugamèles, Maison du Faune, Pompéi


« Le Monde ne peut tolérer deux Soleils, et l’Asie deux rois »

Aujourd’hui, nous vous proposons un tout nouveau Grand Portrait, encore une fois autour d’un personnage marquant de l’histoire, peut-être trop mal connu par le grand public malgré son immense réputation, j’ai nommé : Alexandre le Grand.

Ce nom vous est sûrement familier : tout le monde le connaît, et ce depuis 2300 ans. Mais nos connaissances s’arrêtent souvent à « c’était un grec qui a gagné beaucoup de guerres». Un résumé trop réducteur pour cet homme hors du commun, unique.

C’est pourquoi nous allons ensemble nous pencher sur l’épopée d’Alexandre, mais aussi sur son héritage jusqu’à nos jours.

Le contexte de l’épopée d’Alexandre

Revenons presque 2300 ans dans le passé : l’Empire perse Achéménide, plus grand du monde, est durablement installé en Anatolie (actuelle Turquie), au Moyen-Orient, en Égypte et jusqu’aux frontières de l’Inde. C’est l’Empire de Darius et Xerxès, connu pour les guerres Médiques et les films 300. Face à lui se dresse une Grèce en voie d’unification derrière le royaume de Macédoine, au Nord, royaume de Philippe II, père d’Alexandre.

Alexandre est ainsi l’héritier du projet de son père d’unir les Grecs face aux Perses. Né en -356, il reçoit l’éducation d’Aristote, qui l’initie à la morale, à l’Art, à la Politique, lui donnant comme objectif d’être un monarque éclairé, tel que le rêve le philosophe. C’est aussi grâce à lui qu’Alexandre découvre l’Iliade, dont les héros seront toute sa vie des exemples de bravoure et de réussite.

La vie d’Alexandre, l’épopée la plus importante de l’Histoire

Très tôt, Alexandre est associé au trône de son père, pour apprendre à régner le plus rapidement possible. Il participe ainsi à l’unification de la Grèce aux côtés de Philippe II. Lorsque celui-ci se fait assassiné en -336, Alexandre devient roi à 20 ans, et se jure de continuer l’œuvre de son père. C’est ainsi qui mate toutes les cités grecques cherchant à reprendre leur indépendance en 2 ans, puis il part à la conquête de la Perse, le rêve absolu de Philippe.

Cette épopée commence donc en -334, Alexandre cherchant à assurer sa légitimité en gagnant le respect de l’armée de son père, aguerrie et puissante. En effet, durant toute sa vie, Philippe II a perfectionné son armée, mettant en place les fameuses phalanges, armées de leurs lances de 5m, une cavalerie puissante et un état-major loyal. Alexandre peut ainsi faire face à la Perse et son armée très supérieure en nombre, en y opposant une qualité bien supérieure. A titre de comparaison, l’armée macédonienne s’élève à près de 45 000 hommes, alors que dans l’armée perse combattent plus de 50 000 mercenaires grecs.

Nous n’allons pas citer dans le détail les 10 années de campagnes en Asie. Le principal reste qu’Alexandre fait état de son grand talent de dirigeant et de général en prenant sans grande difficulté l’Anatolie après la bataille de Granique, puis le côte phénicienne, l’Égypte, puis l’actuel Iran, jusqu’aux rives de l’Inde, dans l’actuel Pakistan.

Ce n’est qu’après 10 ans de campagne ininterrompue que les soldats d’Alexandre réclame de rentrer chez eux, alors que le roi comptait envahir l’Inde. A contre cœur, celui-ci fait demi-tour, et compte revenir vers le centre de son Empire, qui s’est décalé de la Macédoine vers la Perse. Arrivé à Babylone (actuel Irak), après une vie de dangers et de beuveries sans nom, Alexandre est pris d’une terrible fièvre, agonise pendant des jours, avant de succomber en Juin -323, à 32 ans, 12 ans, après être devenu roi.

L’héritage d’Alexandre

Son héritage politique ne lui survit pas, quand ses principaux généraux déclarent leur indépendances, se taillant chacun un royaume, l’un en Égypte, l’autre en Anatolie, encore un autre en Perse. Jamais l’Empire d’Alexandre ne sera réunifié.

Mais son épopée romanesque, glorieuse, est son grand héritage. Alexandre a su devenir un symbole, jouant sur la mythologie entre autres : par exemple, il se rend sur la tombe présumé du premier grec mort devant Troie, et enchaîne les actions religieuses et politiques pour passer pour le nouvel Achille. Il souhaite aussi, à la fin de sa vie, unir les peuples grecs et perses pour n’en former qu’un seul. En résulte les Noces de Suse, où 10 000 grecs se marient à 10 000 perses, dont Alexandre lui-même et ses proches. L’épopée d’Alexandre marque le début d’une nouvelle ère dans toute la région, marquée par de nombreuses migrations et brassages de populations, mais aussi une ouverture culturelle et économique, facilitant les échanges de biens, de personnes et d’idées entre l’Occident grec et l’Orient, jusqu’à l’Inde.

Cependant, il ne faut pas non plus oublier les exactions du roi, entre alcoolisme chronique, colère violente, cruauté envers ses ennemis et parfois ses propres hommes, démesure. Par exemple, à force de côtoyer la Perse et son étiquette, il finit de plus en plus par imiter les rois achéménides divinisés par leurs peuples. Il demande ainsi aux grecs de se courber jusqu’au sol devant lui, ce que ceux-ci refusent. Cette modification de son caractère entraîne de nombreuses révoltes, mutineries et même tentatives d’assassinats, ses hommes le voyant de plus en plus comme un tyran sanguinaire.

Alexandre devient une légende, la plus grande d’entre elles

Mais la légende d’Alexandre, même si elle a commencé à se forger de son vivant, et surtout née après sa mort, et n’a cessé de se développer à travers les siècles. Dés son trépas, pour légitimer leurs pouvoirs, ses généraux, les Diadoques, se disputent son corps , avant que celui-ci ne soit finalement installé dans un mausolée à Alexandrie, en Égypte.

Sous la Rome antique, il est l’exemple même du grand général, du grand dirigeant, un modèle pour tous. En témoigne l’anecdote selon laquelle, Jules César, faisant face à une statue d’Alexandre, pleura de n’avoir à 40 ans rien fait de glorieux alors que celui-ci avait plié le monde entier à 32. Pendant le Moyen-Age, le Roman D’Alexandre est le texte non religieux le plus lu. Durant la période byzantine, en Grèce (330-1453), il est l’idéal du souverain, tout en étant sujet à une christianisation. Alexandre fut le modèle de presque tous les rois de l’histoire, comme Louis XIV entre autres. Au XIXème siècle, durant la lutte de la Grèce pour l’Indépendance face à l’Empire Ottoman, il , il est le modèle même de la grandeur de la Grèce, un porte-étendard.


Guerrier, philosophe, dirigeant, modèle, tyran, personnage de roman : Alexandre est une figure romantique par excellence, faisant encore rêver après 23 siècles. Son influence est immense, son souvenir immortel. Il continue encore de vivre aujourd’hui, avec une intensité certes moindre, mais tout aussi honorable.

Nous espérons avoir pu vous en apprendre un peu plus sur ce personnage d’exception, sur lequel l’histoire telle qu’elle est enseignée aujourd’hui passe peut-être trop rapidement. N’hésitez pas à vous renseigner plus en profondeur après cette lecture, car l’immensité du personnage ne peut être contenue en si peu de mots, en restant autant en surface du personnage.

Nicolas GRAINGEOT


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