Pourquoi la lecture ?


A Girl ReadingHenri Matisse, France, 1923. Ligne de crédit : Albert Rouiller Memorial Collection.

A Girl Reading

Henri Matisse, France, 1923.

Ligne de crédit : Albert Rouiller Memorial Collection.


À l’heure des réseaux sociaux, du dialogue immédiat, de la réaction instantanée, la lecture apparait souvent comme une activité désuète, ennuyante pour ne pas dire repoussante. Qui pourrait avoir l’envie de rester dans son bureau devant un livre des heures durant sans bouger? Quel peut bien être l’intérêt de perdre son temps ? D’autant plus que certains auteurs sont bien plus reconnus pour donner des migraines au bout de 30 secondes que pour le plaisir que l’on peut tirer de leur lecture. (Kant pour ne pas citer de noms). 

C’est donc en m’appuyant sur trois textes brefs que je vais tenter de vous convaincre que derrière une apparence terriblement monotone se cache un véritable trésor. Et si vous en êtes déjà convaincus, ces trois textes vous donneront d’autant plus d’arguments face à ceux qui ne comprennent pas pourquoi vous vous adonnez à cette étrange activité. 

Tout d’abord lire, c’est voyager dans le temps. Vous n’avez pas rêvé de rencontrer quelqu’un ayant vécu des siècles voire des millénaires avant vous ? La lecture donne l’occasion de détruire cette distance, de retrouver une capsule temporelle le temps d’un livre, de se confronter à une autre vision du monde que l’on ne saurait retrouver en sortant au bar. 

Lire, c’est être l’interlocuteur privilégié d’un génie, d’un grand homme comme on n’en rencontrera sans doute jamais dans nos vies. La lecture, c’est l’occasion recevoir des enseignements de Platon, des conseils de La Rochefoucauld, l’avis de Victor Hugo, …  Bien sûr, comme le relève Proust, ce dialogue est incomplet, l’auteur n’entend pas vos réponses, ne perçoit pas vos pensées qui fusent face à ce que vous lisez. Et pourtant, cette relation particulière est plus pure que n’importe quelle autre. L’exemple que Proust utilise est celui d’une pièce de Molière, qui aussi connu soit-elle, peut être reposée sur la bibliothèque dès qu’elle nous ennuie. En effet, contrairement à toutes les autres relations, celle ci s’arrête dès que l’envie disparait, reprend dès qu’elle revient, et ce, sans qu’aucune gêne ou tension ne naisse. Une amitié où le lecteur seul décide du tempo. Ces amis que l’on retrouve lors de la lecture, ont toujours du temps à nous accorder, disait Sénèque, et ce, n’importe quand, n’importe où. 

Lire, c’est évidemment se cultiver, apprendre à penser et à développer l’humain qui est en nous. Les œuvres qui ont marqué l’humanité ne sont pas si nombreuses qu’on peut le penser, et pourtant, c’est parmi celles ci, que l’on n’hésite pas à qualifier de poussiéreuses, que les plus grandes leçons sont à chercher. 

Vous le comprendrez donc, ne devenez pas un membre du « public stupide » décrit par Schopenhauer qui « laisse les œuvres des grands esprits dormir sur les planches des bibliothèques ». Appropriez vous les classiques, lisez les, privilégiez la qualité au caractère récent d’une œuvre. Ce qui se lit toujours des millénaires ou des siècles après sa parution l’est sans doute pour une bonne raison, qu’il vous revient de saisir. 

Si lire est important, savoir déterminer ce qu’il est bon de lire en priorité l’est encore plus. Je ne peux m’empêcher de reprendre les mots de Schopenhauer à nouveau, tant ses conseils sont précieux et parfaitement formulés : 

« le temps toujours strictement mesuré qui est destiné à la lecture, accordez-le exclusivement aux œuvres des grands esprits de toutes les époques et de tous les pays, que la voix de la renommée désigne comme tels, et qui s’élèvent au-dessus du restant de l’humanité. Ceux-là seuls forment et instruisent réellement. »

Lisez les grands esprits, on en compte peu, laissez de côté les absurdité de notre époque, peut-être auront-elles sombrées dans l’oubli d’ici quelques années. Ne gâchez pas votre temps, utilisez le à bon escient. 

À ce titre, je me permets de vous conseiller trois textes qui ne prendront, en cumulé, que quelques heures de votre vie. Ce sont de véritables chefs-d’œuvre, des compilations d’arguments « clés en main » qui nous prouvent, si le besoin se faisait encore ressentir, que la lecture est le plus grand des biens.

Emilien Pigeard

 


Bibliographie :

Proust, Sur la Lecture 

Schopenhauer, La lecture et les livres 

Sénèque, De la brièveté de la vie


Vous aimerez aussi :

 
image.jpg

La richesse du langage

Dimanche 1er novembre 2020