Vivre à l’étranger : Taïwan


Taipei 101 et le quartier de Xinyi depuis Elephant Mountain, Taïwan

Imaginez : vous voilà sur une île. Je reformule : une superbe île, que les Portugais, passant au large pour la première fois, ont appelée Formose, littéralement la “Belle Île”. En vous baladant au milieu de la vie grouillante de sa capitale, ou au contraire du calme de sa campagne, vous oubliez que vous êtes assis sur la plus grande poudrière du monde, vers laquelle les yeux de tous les pays sont tournés et qui fait frémir les lecteurs de journaux géopolitiques ou à sensation. Oui, vous êtes bien à Taïwan. Pourtant, de ce que vous voyez… et bien, à l'Est rien de nouveau, tout va plutôt bien par ici.

Je reviens une quatrième fois pour poursuivre cette série dont je ne vois moi-même pas le bout. Cet article, cette expérience mise sur papier, marque un changement drastique : à plus tard le monde européen (Prague et les Pays-Bas) et latin (Costa Rica), et bienvenue à l’Extrême-Orient, où il faut chercher longtemps avant de (re)trouver des repères plus ou moins familiers. Rien n’a plus à voir avec tout ce que j’avais pu connaître jusqu’à présent : la moindre inscription est illisible sans aide locale ou sans Internet, les mœurs et les habitudes n’ont rien de reconnaissable…

Ca peut sembler naïf de débuter un retour sur Taïwan en ces mots, mais il est tout de même bon de rappeler à quel point ce monde asiatique est différent (si ce n’est opposé en beaucoup de choses) avec ce que l’on peut connaître en Europe; Même mon séjour en Amérique Latine n’avait pas représenter un réel choc culturel, la langue et la religion et les coutumes étant les mêmes qu’en Europe. Ici, en Asie extrême orientale, vous faites obligatoirement face à un vrai choc, plus ou moins important selon votre sensibilité.

J’ai eu la chance de passer 6 mois à Taïwan, en tant qu’étudiant en échange à l’Université Nationale de Taipei. Pendant ce laps de temps, j’ai pu découvrir en profondeur et m’imprégner de la culture locale (bien que pas assez à mon goût). Plus que nul part ailleurs durant mes séjours précédents, j’ai rencontré et côtoyé très régulièrement des locaux, je me suis initié à la langue et aux mœurs du pays. Bref, j’ai eu une expérience très forte de ce petit pays qui fait tant parler de lui.

Et je me languissais de pouvoir enfin, après avoir vécu autant d’expériences différentes sur place, les partager et faire découvrir cette région du monde dont la spécificité et l’intérêt sont éclipsés par la politique et les tensions entre gouvernements.

J’espère au fil de ces lignes réussir à piquer votre curiosité, à défaut de vous faire vivre cette expérience si particulière. Bienvenue à Taïwan !

Le pays

Pour comprendre Taïwan et pourquoi cette île est aujourd’hui si importante, il faut revenir en vitesse sur son histoire :

Avant le XVIème siècle, l’île fut peuplée par des aborigènes, puis par quelques communautés de pêcheurs ayant traversé le détroit qui la sépare du continent. Les Espagnols et les Néerlandais utilisèrent la côte comme entrepôt et base pour soutenir leurs expéditions commerciales avec le Japon, la Corée et la Chine. Une installation mineure et éphémère qui ne laissa pas vraiment de trace sur le pays.

Avec l’arrivée d’un général de la dynastie Ming (en pleine chute) et de ses armées, des milliers de chinois fuirent sur l’île pour résister à la prise de pouvoir sur le continent de la Dynastie mandchoues des Qing. Ce général (Koxinga) jura de continuer la lutte et de reprendre le pouvoir sur le continent. Ces espoirs furent balayés par un débarquement de la Chine continentale qui rattacha Taïwan à l’Empire. Durant cette période, des milliers de chinois continuèrent à s’installer sur place, presque uniquement depuis la province de Fujian, de l’autre côté du détroit.

L’île resta chinoise jusqu’en 1895, lorsque les Japonais prirent l’île au détour d’une guerre. Pendant 50 ans, jusqu’en 1945, le Japon va industrialiser, métropoliser et modifier la région à tel point que cette installation est encore visible aujourd’hui. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Chine Nationaliste de Tchang-Kai-Shek récupère le contrôle de Taïwan, qui finit par représenter pour lui le dernier bastion nationaliste face aux communistes de Mao. En 1949, ce gouvernement fuya le continent et s’installa avec environ 1.2 millions de soldats et de civils à Taïwan, jurant de continuer la lutte et de reprendre le pouvoir sur le continent.

Pendant 40 ans, une dictature nationaliste sous l’égide du parti KMT (celui de Tchang-Kai-Shek) dirigea le pays, l’une des périodes de loi martiale, de disparitions et de couvre-feux les plus longues de l’histoire, appelée la Terreur Blanche, et associé dans le même temps à un miracle économique et un développement très rapide de l’économie (c’est aussi le début du monopole taïwanais sur les semi-conducteurs, en partie grace à la compagnie TSMC). A la fin des années 80-début 90, des réformes démocratiques métamorphosèrent l’île. En 2000, le premier président de l’opposition (du parti DPP) arrive au pouvoir. Aujourd’hui, c’est une femme de ce parti, Tsai Ing-Wen, qui préside le pays depuis 2 mandats.

Au niveau politique, de nos jours le KMT prône un rapprochement avec la Chine continentale, là où le DPP au pouvoir soutient une posture pro-indépendance.

Donc, cette histoire moderne et contemporaine fait que la situation de Taïwan est complexe et tendue. Jusqu’en 1971, c’était Taïwan qui siégeait à l’ONU et dans d’autres organisations mondiales en tant que représentante de la “vraie Chine”, avant de se faire expulser au profit de la Chine communiste (lors de la conférence de l’ONU cette année-là, la délégation de Taïwan claqua la porte en promettant de ne revenir que si l’île était de nouveau considérée comme la “seule Chine”. Une décision dont le pays paye encore aujourd’hui les conséquences). C’est pourquoi Taiwan se nomme toujours officiellement République de Chine, étant inscrit officiellement dans sa Constitution, sur ses passeports, etc… Aujourd’hui, seuls 14 pays reconnaissent Taïwan comme un pays indépendant, alors que Beijing considère l’île comme sa 14ème province, rebelle mais rattachée de jure à son autorité, et tente de persuader le monde de cet état de fait.

Ainsi, par exemple, pour éviter plus de tensions qu’il n’y en a déjà, et pour tout de même inclure Taïwan dans le concert des nations, les athlètes taïwanais jouent sous le drapeau du Comité Olympique de Taipei, et jamais le nom de Taïwan n’est prononcé ou inscrit. Les équipes nationales de sport sont presque toujours appelées “Taipei chinois”, sous pression du PCC.

Quant à ce que pense les Taïwanais, de ce que j’ai pu voir et apprendre en parlant avec beaucoup d’entre eux, c’est que toutes ces histoires géopolitiques ne les intéressent pas vraiment : comme souvent, les populations civiles cherchent la tranquillité et la paix dans leurs vies. Alors, évidemment, les deux extrêmes (proportionnellement peu nombreux) existent : certains revendiquent leur identité chinoise contre le Parti Communiste et espèrent la reprise du continent un jour, lorsque d’autres ne verraient pas d’inconvénients à rejoindre la Chine sur le modèle de Hong Kong, “Un pays, deux système” pour éviter une guerre tout en conservant leur autonomie (mais l’évolution récente de la politique à Hong Kong avec l’arrestation de militants pro-démocratie ou la mise à prix de la tête de ceux à l’étranger en a refroidi plus d’un).

En général, il faut admettre que la majorité ne croit pas vraiment à une invasion dans un avenir proche (il s’agit en fait surtout des médias internationaux qui accentuent le sentiment de tensions et de quasi Troisième Guerre mondiale permanent). Sur place, même s’il s’agit d’un sujet important, ce n’est pas le seul. L’île est dans cette situation de siège depuis 1949 et, pour de nombreux Taïwanais, ce ne sont pas quelques menaces et des bateaux au large qui représenteront une plus grande menace de ce à quoi ils font face depuis 74 ans.

L’identité Taïwanaise

Être taïwanais, c’est donc être un mélange d’origines et de cultures très différentes : de l’héritage aborigène partagés par l’ensemble du Pacifique, puis par l’adoption des coutumes et de la langue des différentes vagues d’immigration chinoise, sans oublier bien sur le passage du Japon. J’ai rencontré beaucoup de Taïwanais âgés qui, incapables de parler anglais, maîtrisent cependant à la perfection le Japonais, héritage de l’éducation de la moitié du siècle dernier.

La langue à Taïwan

En parlant des langues, il y a des choses à savoir : la langue majoritaire est le chinois mandarin, sous sa forme traditionnelle, qui se parle comme le chinois simplifié (en dehors des accents régionaux et de quelques mots hérités des aborigènes et des japonais), mais s’écrit de la même façon que sous le vieil Empire Chinois. En Chine continental, pour faciliter l’alphabétisation des masses, les caractères mandarins ont été drastiquement modifiés par le Parti Communiste, d’où le nom de simplifié.

La seconde langue importante est le Taïwanais, encore parlé à peu près partout sur l’île, même si minoritaire comparé au mandarin. Elle est en particulier représenté parmi les vieilles générations, même si une partie des jeunes (et moins jeunes) peuvent le parler également. Il s’agit d’un dialecte importé de Chine et parlé également dans le reste de la diaspora chinois en Asie du Sud-Est (ils descendent tous de la même population, immigrée au XVIème siècle). Le sud de Taïwan est considéré comme là où le Taïwanais est aujourd’hui le plus parlé.

Il existe enfin les langues aborigènes, et le Hakka, un dialecte du chinois.

J’ai appris dans mon université le mandarin traditionnel, qui s’est avéré extrêmement utile, car l’anglais est assez peu parlé en dehors des zones touristiques. Ne serait-ce que les menus ne sont que rarement traduits dans les restaurants, les employés ne peuvent généralement pas beaucoup aider, ne connaissant souvent que “Hello”, “Sorry” et “Thank you”. Donc, la solution la plus simple est d’utiliser un traducteur, Google Lens en tête de liste car il suffit de prendre en photo les caractères pour que s’affiche le texte traduit. Même après 6 mois à apprendre et lire quotidiennement le mandarin, je continuais d’utiliser cette technique, finissant quand même par réussir à reconnaître les caractères les plus communs et à baragouiner quelques phrases simples.

Pour vous aider, voici certaines des expressions les plus utiles et utilisées : 

  • Nǐ hǎo (你好) = Bonjour

  • Xièxie (謝謝), prononcé Chié Chié = Merci

  • Duìbùqǐ (對不起), prononcé Doué bou tchi = Désolé, Excusez moi

  • Fǎguó (法國) = France

  • Fǎguó rén (法國人) = Français

  • Wǒ bù shuō zhōngwén (我不說中文) = Je ne parle pas chinois

Pour apprendre, le mieux reste de se trouver un professeur sur place. Beaucoup d’étudiants locaux proposent des tutorats pour pas cher et adaptable aux objectifs de chacun. Sinon, il existe des cours en lignes, sur Youtube bien sûr, ou encore des applications, en particulier HelloChinese qui, contrairement à Duolingo, permet d’apprendre de vraies expressions utilisables sur place (et pas l’ubuesque “Je suis une pomme” de cette dernière application). Et en traditionnel s’il vous plait !

Les Traditions à Taïwan

N’ayant pas subi la Révolution Culturelle de Mao Zedong en Chine continentale, beaucoup de rites religieux et de traditions ayant été éradiqués là-bas continuent d’être préservés et pratiqués à Taïwan.

Parmi les fêtes traditionnelles de l’île, certaines sortent du lot par leur importance:

Le Nouvel An Lunaire Chinois, la plus importante de toutes, durant laquelle le pays s’arrête pour accueillir la nouvelle année. Les familles se réunissent, font un “ménage de printemps” pour se débarrasser des mauvaises choses de l’année passée, préparent un Gâteau du Nouvel An qu’ils partagent ensemble lors d’un grand repas le dernier jour des festivités. Les habitants accrochent de petites impressions à leur porte, avec des inscriptions pour attirer la bonne fortune sur leur foyer. Et, comme il est de coutume, les adultes donnent aux enfants des enveloppes rouges avec un peu d’argent dedans. Enfin, à la dernière minute de l’année, les feux d’artifices résonnent dans toutes les villes et les villages. Durant cette période, vous pouvez vous balader dans les temples et y trouver des foules venues prier des dieux spécifiques, l’un pour demander la bonne santé, l’autre pour trouver l’amour ou gagner de l’argent.


Le Festival des Lanternes. Célébrée dans tout Taïwan quelques temps après le Nouvel An (jusqu’à la mi-février), cette fête consiste à accrocher des lanternes rouge-orange un peu partout.

  • A Pingxi, à l’Est de Taipei, les gens se retrouvent pour écrire sur les lanternes leurs vœux avant de les relâcher dans le ciel pour les voir s'exaucer.

  • A Taïnan, au Temple Yenshui, une procession de la statue du Dieu de la Guerre se finit par un grand feu d’artifice assourdissant attendu par beaucoup !

  • A Taïtung, la tradition veut que la statue du Dieu de la richesse local, Maître Han Dan, soit bombardée de feux d’artifice et de pétard par les habitants. Mais, parfois, c’est un fidèle qui, habillé seulement d’une écharpe autour de la tête et d’un pagne, se fait viser, seulement protégé par une branche d’arbre.

Le Festival des Bateaux-Dragons. L’une des trois plus importantes célébrations, avec le Nouvel An et le Festival de la Lune à la Mi-Automne (pour célébrer les récoltes, et durant lequel les familles se retrouvent), cette fête se déroule sur quelques jours, durant lesquels prend place une course sur des rivières, à bord de bateaux colorés et décorés en forme de dragons. La légende veut que cette fête commémore la mort d'un Poète de la période des Royaumes en Guerre, Qu Yuan qui, pour protester contre la mauvaise politique de son époque, se serait jeté dans la rivière pour y mourir. Pour tenter de le sauver, les habitants auraient parcouru le cours d'eau à bord de bateaux dragons, sans succès. La tradition raconte que, pour éviter que les poissons ne mangent le corps du malheureux, les villageois aient jeté dans l'eau des zongzi, des boules de riz recouvertes de feuilles de bambou. Aujourd'hui encore, les festivités sont accompagnées de cette spécialité, et certains se mettent au défi d'en dévorer le maximum, quitte à risquer les maux de ventre.

  • On peut aussi citer quelques fêtes annexes, en particulier le Jour des Enfants suivi du Jour du Nettoyage des Tombes, durant lesquelles les familles se retrouvent pour célébrer la jeunesse, puis immédiatement ensuite se souvenir des disparus et leur rendre hommage (en respectant leur sépulture). Aussi, autour d'Août se déroule le Mois des Fantômes, considéré comme un mois où il n’est pas bon de se faire opérer, de se marier, de siffler, d’acheter une maison ou une voiture, de sortir dehors après la tombée du jour, sous peine de se faire hanter et d’attirer à soi la mauvaise fortune.

Le style de vie local

Le Coût de la vie

Taïwan n’est pas le pays le plus bon marché d’Asie (comparé à la Thaïlande ou aux Philippines). Mais, si vous comparez avec l’Europe, bien vivre revient à bien moins cher. Il est possible de bien manger tous les jours 2 fois par jour au restaurant pour moins de 7 ou 8€ (250 à 300 TWD). C’est d’ailleurs ce qui explique que la majorité des Taïwanais ne cuisinent pas ou presque : il est souvent plus cher d’acheter les ingrédients et de prendre du temps à tout préparer que d’aller dans l’un des innombrables restaurants qui peuplent les rues.

Il faut aussi parler des Convenience Store, ces magasins (dominés par les marques 7-11, FamilyMart et PX Mart) qui proposent de tout, de la lessive au lait de soja en passant par les cigarettes ou les épingles à cheveux. Ouvert 24/7, ils sont des endroits où les amis se retrouvent pour manger, où l’on achète des tickets de train ou des billets pour un concert…bref, ils occupent une place importante dans la vie taïwanaise, à tel point que l’île est le pays avec la plus forte concentration de tels magasins, souvent séparés en ville par moins de 100m.

La famille

Comme la plupart des pays asiatiques, la société taïwanaise a été influencé par le conservatisme social confucianiste, la famille traditionelle avec l’homme au travail, la femme à la maison, l’ancien comme patriarche, les enfants comme quasi-servant de leurs parents. On retrouve encore aujourd’hui ce système, bien que Taïwan soit sans doute le pays d'Extrême-Orient où la société change le plus vite. Les jeunes sont très ouverts sur le monde, très similaires dans les faits avec les jeunes européens, mais il ne faut jamais perdre de vue que l’avis familial prédomine encore largement. Donc, si jamais vous vous retrouvez chez des Taïwanais, prenez garde à respecter le decorum et les us et coûtumes !

La société Taïwanaise

Pour comprendre la société locale, il faut garder à l’esprit que Taïwan est fermement ancré dans la tradition asiatique de la Communauté avant l’Individu. En effet, de tradition chinoise et influencée par le Japon, le collectif passe d’abord. Historiquement, le modèle familial est patriarcal, où le père a tous les droits sur ses enfants et sa femme. Et la famille représente le centre de la vie culturelle, famille au sens élargi. Nous nous retrouvons donc avec un pays mettant un point d’honneur à la hiérarchie, sans pour autant atteindre les extrêmes du Japon.

Mais la société taïwanaise suit le destin de toutes les sociétés industrialisées, où la vie urbaine tend à créer des familles nucléaires, avec un sens bien plus réduit que traditionnellement. C’est pourquoi on se retrouve aujourd’hui avec un système assez similaire dans les grandes lignes à celui occidental, avec un rôle croissant de la femme dans la vie civile et professionelle (dans de larges proportions, comparé au Japon ou à la Corée du Sud), mais où la tradition se fait toujours ressentir : l’avis du père ou des anciens est toujours très important, la piété filiale se pratique toujours. En résumé, la famille, bien que transformée, garde toujours un rôle central dans la vie taïwanaise.

Pour ce qui est du sport, Taïwan a été très influencé par les Etats-Unis, à la manière du Japon : en effet, les sports les plus populaires et les plus regardés sont le baseball et le basketball. C’est ce qui explique le nombre de publicités en rapport avec des athlètes. Il est donc facile, si vous êtes intéressés, d’aller voir des matchs pour pas trop cher. Cependant, ne vous attendez pas forcément à un niveau “Olympique”.

Les religions :

L’une des facettes les plus intéressantes de Taïwan réside dans sa, ou plutôt ses, religion. En effet, étant à la croisée de nombreuses influences différentes, Taïwan abrite un nombre de croyances importantes et développées.

Tout d’abord, il faut prendre conscience de l’importance encore grande de la religion dans la population : il est presque impossible de trouver un temple vide (ce qui est un tour de force sachant que l’île abrite à elle seule plus de 15.000 lieux de cultes) et il n’est pas rare d’y croiser des enfants, adolescents et jeunes adultes, venir prier. Par exemple, certains temples sont réputés pour leurs dieux aidant avec tel ou tel problème, comme l’éducation, l’amour ou la richesse. Donc, avant un examen, vous verrez des lycéens ou des étudiants venir donner au temple une offrande en espérant l’intercession d’un dieu pour les aider à obtenir telle école ou réussir leur année.

C’est sans doute l’une des choses qui m’a le plus surpris durant mon séjour : là où, en Europe, la foi s’efface pour être remplacé par d’autres valeurs (développement personnel, spiritualité alternatives, etc…), la population taïwanaise a évolué pour allier à la fois ses traditions et son développement moderne et mondialisé. Ici donc, les temples occupent encore le rôle de lieux de culte bien sûr, mais aussi de centre de la vie sociale ou encore de musée d’art.

Ainsi, Taïwan abrite 3 principales religions, le Bouddhisme, le Confucianisme et le Taoïsme. Mais il ne faut pas oublier et minimiser la présence (minoritaire) de chrétiens, protestants pour la plupart (par l’influence des Etats-Unis) et de quelques foyers catholiques. Finalement, les Taïwanais pratiquent une sorte de foi syncrétiste qui mélange des éléments des 3 principales religions, en plus des croyances populaires dans les esprits et les démons, ne s’excluant presque jamais dans une seule d’entre elles.

  • Le Bouddhisme : arrivé avec la première vague d’immigration chinoise, il s’est surtout développé avec l’arrivée de moines fuyant la politique anti-religieuse du Parti Communiste. En quelques décennies, Taïwan s’est imposé comme l’un des bastions les plus importants du bouddhisme en Extrême-Orient, en particulier grâce à la création et au développement de centres comme le Dharma Drum Mountain (法鼓山) à Jinshan près de Taipei (de la branche Chan) ou encore le FoGuangShan ((佛光山) à Kaohsiung.

  • Le Confucianisme : base millénaire de la culture chinoise, il s’agit en fait plus d’une philosophie que d’une religion. L’accent est mis sur le respect de la hiérarchie, de l’ancien, du père, et s’affaiblit face aux évolutions modernes de la société. Certains y vont encore pour rendre hommage à Confucius et à ses disciples. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à parcourir cet article de la revue : Introduction à la philosophie confucéenne

  • Le Taoïsme : la majorité des temples de Taïwan provient de ce rassemblement de coutumes, de textes, de traditions, de célébrations et de divinités en tout genre qui existent dans la culture chinoise depuis des milliers d’années. Aujourd’hui encore, les funérailles, mariages et hommages aux dieux sont le fait de son clergé.

La sécurité

Il n’est pas nécessaire de s’attarder sur ce sujet trop longtemps, tant Taïwan est un pays sûr en comparaison avec la plupart des pays du monde. Les agressions, vols, pickpockets et autres sont quasi inexistants : l’omniprésence des caméras participe pour beaucoup à cela. Si vous n’êtes pas à l’aise avec ces dernières, attendez-vous à en voir beaucoup : en moyenne, un 7-11 ou FamilyMart de taille moyenne en compte entre 5 et 15.

La délation pour des faits mineurs joue aussi un rôle. Assez normale en Asie, cette dernière est vue comme un acte civique pour le bien de la communauté toute entière. Et, étant européen, cela peut grandement déranger.

Dernier point sur la sécurité : sur la route, les personnes ont tendance à moins bien conduire qu’en Europe, en particulier les scooters. Leur nombre très important nécessite une vigilance de tous les instants, surtout qu’ils doublent en général par la droite en ville.

La météo

Vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre que Taïwan est un pays tropical, avec donc la météo qui en découle : fortes chaleurs et humidité écrasante durant tout l’été (avec son lot de tempêtes et d’orages), un hiver plus froid (tout est relatif bien sûr) et pluvieux. La différence se fait surtout entre le Nord et le Sud : le Sud (Kaohsiung, Kenting) est presque toute l’année ensoleillé, plus doux et sec que le Nord en hiver. En été, attention à la chaleur : même en étant assez habitué à ce genre de climat, le séjour prolongé à Kaohsiung en Juin a été très éprouvant pour moi. Bonne nouvelle cependant, les Taïwanais sont des utilisateurs de climatisation assidus. Pas difficile donc de trouver des coins frais où s’abriter. Et, au contraire, le radiateur est presque inexistant, ce qui devient un problème lorsque les températures chutent entre Novembre et Février (surtout dans le Nord).

Le parapluie est l’accessoire incontournable et constamment nécessaire dans votre sac : les pluies peuvent arriver sans prévenir, et mieux vaut pouvoir se mettre à couvert rapidement si l’on ne veut pas reprendre sa douche.


Les lieux et visites

  • Taipei : Capitale du pays, c’est la plus grande et la plus dynamique ville de Taïwan. Très peuplée, c’est l’arrêt incontournable, souvent au début ou à la fin du séjour, pour toute visite. Très peuplée (et donc polluée) ne vous attendez pas à trouver une ville à la superbe architecture ancienne : elle est le pur produit du développement très rapide de l’économie depuis 60 ans. Industrielle, bétonnée, elle a pourtant un charme très particulier pour sa vie frénétique et ses activités constantes.

    • Que faire ?

      • Taipei 101 : symbole de la ville, cette tour en forme de bambou fut la plus haute construction du monde, de 2004 à 2010 (508m et 101 étages). La visite du poste d’observation tout en haut vaut le coup par temps dégagé, pour la vue imprenable sur la capitale. Comptez environ 15€. Au sous-sol, vous trouverez toutes les plus grandes marques de luxe, si un coup de folie du shopping vous prend.

      • Le National Palace Museum est le plus grand musée du pays, et regroupe une collection de 700.000 artefacts chinois, la plupart provennant de la Cité Interdite de Beijing-Pékin, pris lors de la fuite du gouvernement nationaliste. Attendez-vous à voir beaucoup de porcelaine et de manuscrits.

      • Le Sun-Yat-Sen Memorial Hall, en l’honneur du “Père de la République Chinoise”. Non loin de Taipei 101, le bâtiment est gigantesque, et accueille très régulièrement de nombreux événements culturels.

      • Le Tchang-Kai-Shek Memorial Hall commémore le premier président (et dans les fait dictateur jusqu’en 1975) de Taïwan. Aujourd’hui, il sert entre autres comme symbole de repentance et de réflexion sur les crimes du passé.

    • Où manger ?

      • Din Tai Fung : sans doute l’une des chaînes Taïwanaise de restaurants les plus réputées, elle est principalement connue pour servir des XiaoLongBao, les ravioles taiwanaise par excellence (je reviens dessus un peu plus bas). Incontournable et très répandu sur l’île.

      • 象子 麵, un restaurant de nouilles locale, à proximité de Taipei 101. Un petit restaurant avec peu de place assise et souvent rapidement plein, mais sans doute l’un des meilleurs que j’ai pu tester.




  • Jiufen : à l’extrémité Nord-Est de l’île, ce village touristique est un passage presque obligé. Il consiste en fait en un entrelacement de rues marchandes traditionnelles en haut d’une montagne, où l’on goûte de tout ce que fait Taïwan de bon et d’agréable. C’est aussi la ville qui inspira Miyazaki pour son célèbre film Le Voyage de Chihiro. Attention tout de même, le nombre de touristes peut rendre la visite oppressante : on se suit à petit pas au milieu de la foule dans des ruelles étroites. Agoraphobes s’abstenir.

    • Non loin, vous avez le village le Shifen, connu pour ses lancés de lanternes et sa cascade. Le trajet en train est beau et les paysages sont loin du béton de Taipei.

  • Taïchung et le Sun Moon Lake : Taïchung est la ville à mi-chemin entre le nord et le sud. Elle n’est pas incontournable mais recèle un grand Night Market où les amoureux de nourriture (en particulier de poulet frit) seront ravis. C’est aussi, réclament certains, le lieu de naissance du fameux bubble-tea (voir plus bas) Mais c’est surtout une ville-étape pour aller au Sun Moon Lake. Ce lac, facilement accessible en bus avec votre Easycard depuis la ville, est entouré de nombreux temples et pagodes qui vaillent la peine d’être visités. Pour faire le tour du lac, vous pouvez opter pour la visite à pied et en bateau entre les différents petits ports, ou alors en vélo/scooter, proposés partout à des prix acceptables. Attention pour l’option du vélo, le lac est entouré de montagnes, donc ça grimpe assez fort ou descend très rapidement, le tout avec une grande partie de la piste cyclable directement sur la route avec les voitures et camions. Précautions de rigueur donc.

  • Yilan : sur la côte Est, cette ville est surtout connue pour sa plage de surf à Toucheng.

    • Que faire ?

      • Le Lanyang Museum, à Toucheng, retrace la vie traditionnelle des habitants de la région, l’histoire de la ville. Intéressant si vous voulez en apprendre plus sur l’histoire de Taïwan et de ses citoyens. Et l’architecture du bâtiment, qui est comme sorti à moitié du lac, vaut le coup d'œil.

    • Où manger ?

      • Just Fresh Meat Dumplings, un restaurant dans sa plus pure expression : des tables pour faire les ravioles, des cuiseurs à vapeurs traditionnels et un comptoir pour payer. Pas de place pour s'asseoir (il y a un 7-11 pas loin), mais les produits valent le coup !

      • 小亀有/Kakigori : une perle au milieu d’une rue sans intérêt. Ils servent des desserts de toutes sortes et, juste pour la mangue glacée, il faut s’y arrêter.

  • Hualien : base de départ vers le parc de Taroko, c’est une ville assez petite, où tout se fait à pied, avec un super night market (pourquoi pas essayer le stand de viande de crocodile ?) étendu et très vivant, de beaux temples et un accès facile au front de mer (bétonné bien sûr). Si vous avez le temps, le Jardin des Pins, ancien centre de commandement japonais, est agréable, surtout lors de fortes chaleurs.

    • Où manger ?

      • Gong Zheng Bun Store : sans doute le restaurant le plus réputé de la ville. Ils y servent des ravioles traditionnelles bonnes et très abordables. Attention à la queue dès l’ouverture.

  • Taroko National Park : mon coin préféré de Taïwan, haut la main. Ce parc naturel se compose de longues gorges creusées par des cours d’eau sur des milliers d’années, de falaises de centaines de mètres de hauteur et de chemins de randonnée le long de la rivière. Un passage obligé. Il est facile d’y accéder depuis Hualien et sa station de bus. Certains préfèrent tout de même, comme souvent à Taiwan, louer un scooter pour plus de flexibilité.

  • Taïtung : autre haut-lieu du surf à Taïwan (des écoles de surf proposent des logements du type auberge de jeunesse du côté de Dulan). Depuis cette ville, il est aussi aisé d’atteindre Lyudao, l’Île Verte.

  • Chiayi : ville moyenne au nord de Kaohsiung, elle est la porte d’entrée vers le parc national d’Alishan et fut l’ancien centre de traitement du bois abattu dans cette forêt et exportée vers, en particulier, le Japon. Quantité de bâtiments sont construits en utilisant le bois à l’odeur spécifique du cèdre blanc de Taïwan. Une journée suffit pour faire le tour de la ville, en passant par l’ancienne prison japonaise, le village Hinoki (l’ancien quartier des fonctionnaires japonais) ou encore le Parc Central.

    • Où manger ?

      • Chiayi est connue pour son riz à la dinde, vous trouverez donc pléthore de restaurants en proposant ! N’hésitez pas à déguster un Oeuf centenaire et des pousses de bambou avec ça. Régal (presque) assuré !


  • Alishan : Instagram a rendu cette forêt célèbre (plus encore qu’elle ne l’était déjà à travers l’Asie, grâce à une chanson japonaise) pour son train quasi centenaire, et troisième plus haut du monde, qui servait autrefois à descendre le bois vers Chiayi. Il est encore possible de le prendre, en achetant des billets sur Internet ou directement à la gare de Chiayi, mais attention, il est souvent entièrement réservé des jours à l’avance (un bus peut vous monter à Alishan, en faisant un changement au village perché de Fenqihu). C’est particulièrement beau lors de la période de floraison des cerisiers. Le parc est à plus de 2000m de haut, donc préparez des vêtements chauds et de pluie, car la température peut descendre en dessous des 15°C sans problème. Le parc est aussi connu pour assister au lever du Soleil aux alentours de 5h30 : les hôtels sur place sont très chers donc vous pouvez soit dormir en dehors du parc et arriver le matin en bus, ou venir directement en voiture (attention cependant à la conduite de nuit). Il existe aussi la possibilité de dormir sur place, dans la gare d’Alishan, mais je vous préviens, ce ne sera pas la meilleure nuit de votre vie !

  • Taïnan : Ancienne capitale, Taïnan fait figure de ville traditionnelle, abritant de vieux bâtiments de l’ère Qing (Temple de Wufei par exemple). La visite des musées de la ville est aussi à faire, tout en profitant de la fameuse cuisine locale. Dans le pays, on dit que la cuisine y est si sucrée que, si l’on agitait un bâton en l’air, on obtiendrait une barbe à papa ! Saurez-vous apprécier le mélange sucré-salé ?


  • Kaohsiung : Seconde ville de Taïwan (troisième si on fait la différence entre Taipei et Nouveau-Taipei), Kaohsiung est la capitale du sud, un bastion de la culture taïwanaise (avant l’arrivée des nationalistes donc), là où Taipei est le fer de lance de celle chinoise contemporaine. Ici, beaucoup parlent encore le taïwanais ; il pourrait donc être utile d’en apprendre quelques phrases si vous comptez y passer du temps, la ville méritant plusieurs jours au minimum. Plus au sud, vous trouverez le parc de Kenting, avec ses grandes plages.

  • Que faire à Kaohsiung ?

    • Le Musée des Beaux-Arts, dont la collection comprend beaucoup d’artistes taïwanais contemporains et originaux.

    • Le Lotus Pond, un lac entouré de nombreux temples, dont plusieurs se trouvent au centre dudit lac. En faire le tour à pied est un moment plus qu’agréable.

    • Pier 2, des anciens entrepôts portuaires reconvertis en centres d’art, magasins et ateliers. Le pont tournant marque par sa forme unique.

    • Liuhe Night Market, un autre marché de nuit incontournable du sud de Taïwan.

    • Le Dôme de Lumière, une œuvre colorée au plafond de la station de MRT (métro taïwanais) Formosa Boulevard, par l’italien Narcissus Quagliata.

    • L’Université Sun-Yat-Sen, d’où on a une vue imprenable sur l’océan et le coucher de soleil, et l’île de Qijin qu’on atteint en ferry, connue pour ses fruits de mer.

  • Où manger ?

    • 高雄七美望安, un restaurant de fruit de mer réputé.

    • Xing Long Ju, spécialisé dans les petits-déjeuners, essayez les bao et leur thé au lait.

    • 鴨寮街-烤鴨點心坊-鳳山一號店, le repaire des amateurs de canard rôti. Avec des accompagnements délicieux (soupe de boeuf en particulier).

La nourriture taïwanaise

Évidemment, comment parler de Taïwan sans évoquer sa cuisine si typique ? Reflétant les nombreuses influences culturelles et gastronomiques de l’île (entre autres chinoises, japonaises et aborigènes), vous y trouverez à coup sûr de nouveaux mets favoris, de nouvelles saveurs. Il est facile de manger au restaurant tous les jours pour environ 10€ (330 TWD), et donc de rapidement essayer les nombreuses spécialités proposées par les locaux.

Bien sûr, le fer de lance de cette gastronomie et de sa découverte est le Night Market, la tradition du Marché de Nuit, en général ouvert aux alentours de 17h à 21h. Toutes les villes (et même certains villages) en possèdent au moins un. La plupart des Taïwanais y sont tant attachés qu’ils y vont plusieurs fois par semaine, c’est ce qui pourrait le plus se rapprocher, pour un Français, du bar du coin ou de la fête foraine. Sauf qu’ici, vous trouverez, éparpillés le long du marché, nouilles, poissons comme fruits de mer, brochettes cuites sur place, maïs grillé, tofu puant, jeux pour enfants, etc…Tout cela au milieu d’une foule de personnes, attirés par les lumières et les odeurs. C’est aussi un passage obligé du touriste sur l’île, l’une des expériences les plus typiques et agréables.

Un rapide tour d’horizon de la gastronomie taïwanaise :

  • Le petit-déjeuner Taïwanais :

    • Il est principalement composé d’un amalgame de petits plats, surtout salés, et d’un verre de lait de soja chaud (là encore salé, même si le sucré existe aussi).

Le YouTiao (油條) est ce que l’on peut appeler un churros taïwanais, mais sans goût. Il se mange trempé dans du lait de soja ou d’amande, et accompagne presque obligatoirement le petit-déjeuner.

Le LuoBoGao (蘿蔔糕) est un gâteau de radis frit à la poêle. A manger avec un œuf !

  • En plat principal :

Le DanBing (蛋餅) est une sorte de crêpe d’oeuf et de ciboule très courante, dans laquelle peuvent s’enrouler thon (sans doute mon préféré !), légumes, viande ou même fromage.

La soupe de nouille au boeuf (Niúròu miàn, 牛肉麵) est l’un des plats phares de Taïwan. D’une simplicité folle (du boeuf, des nouilles, de la soupe au bouillon de boeuf et de légumes), vous en trouvez partout dans les rues, à des prix très abordables. c’est le type de plat en apparence anecdotique qui vous fait regretter de quitter Taïwan.

Le Hot Pot (火鍋), ce que l’on appelle en France la “fondue chinoise” ou shabu-shabu au Japon, est un plat emblématique de l’île. Au centre, une sorte de marmite d’eau avec un bouillon, soigneusement préparé en utilisant des herbes aromatiques (ail, oignon, gingembre), des épices et des légumes frais (champignons enoki, tofu, pak choï). Les restaurants proposent souvent un large éventail de choix de hot pot différents (le bouillon comme les ingrédients changent), allant des viandes (bœuf, le porc et l'agneau), aux fruits de mer, légumes et aux nombreux types de nouilles disponibles. Le hot pot taïwanais est une expérience incontournable à savourer pleinement (et régulièrement).

Les dumplings, que l’on traduit assez maladroitement en français par ravioles, est une spécialité dont le concept est très proche des raviolis italiens, mais en plus large, avec un grand nombre de garnitures et de saveurs différentes possibles, souvent frit ou à la vapeur. Il en existe de toutes les formes et de toutes les couleurs, le plus répandu étant le ba-wan (ròuyuán, 肉圓) à la peau presque translucide. Notons aussi le jiǎozi (餃子) cuit à la vapeur et que vous retrouvez dans tous les night market, mes préférés.

  • Une variante très taïwanaise (bien que originaire de Shanghai) est le XiaoLongBao (小籠包). A nouveau existant avec de (très) nombreuses variantes, le concept est de renfermer dans sa pâte une soupe qui se révèle avec la bouchée (ou si vous la percez à l’avance dans votre cuillère). Din Tai Fung est le restaurant taïwanais le plus emblématique de cette spécialité, malheureusement n’existant en Europe qu’à Londres.

Le poulet frit (xiánsūjī, 鹹酥雞) est aussi de la partie. Bien sûr pas unique à l’île, il est cependant ici cuisiné dans une sauce épicée (sel, poivre, chili, basilic et ail cuits dans de la farine. Le résultat est délicieux, avec un goût difficile à reproduire.

Le porc braisé au riz (khòng-bah-pn̄g, 滷肉飯) est un plat importé par les premiers immigrants chinois du continent. Il consiste en du ventre de porc bouilli puis mariné dans de la sauce soja et servi avec du riz braisé.

Les oeufs de Cent-Ans (pídàn, 皮蛋) est un oeuf (en général de cane) conservé pendant des semaines dans des feuilles de thé, du riz, du sel et des cendres. Bien qu’à l’aspect repoussant, il a une texture crémeuse à l’intérieur et se marie volontiers avec du tofu.

Le tofu puant (chòu dòufu, 臭豆腐) porte bien son nom. Toute personne ayant déjà visité Taïwan sait quelle odeur a ce met : il sent…la mort (proche d’une viande en décomposition). Il s’agit en fait de tofu fermenté avec du lait, et parfois des crevettes, du bambou ou des herbes médicinales chinoises. Il se mange en général frit ou à la vapeur. Une étrangeté qu’il faut essayer au moins une fois (car le goût en bouche n’est pas le même que l’odeur).

  • En dessert :

L’aiyu (愛玉) provient de graines séchées de figuier. Il s’agit d’une gelée orangeâtre qui se mange froide avec, traditionnellement, du citron et du miel. Très frais, c’est un plat directement originaire de Taïwan.

Le tshuah-ping (tsuabing ,礤冰) est un dessert à base de glace râpée sur laquelle on ajoute des fruits, du sirop de sucre de canne, de la gelée de haricot rouge, des cacahuètes ou encore des amandes. Rien de plus frais et goûtu pour les écrasantes journées d’été.

Le Pineapple Cake (fènglísū, 鳳梨酥) est l’une des fiertés des Taïwanais. C’est un gateau sec fourré à la gelée d’ananas, et sans doute l’élément de la cuisine locale qui s’exporte le mieux à l’étrangers avec le bubble tea et les XiaoLongBao.

Le Bubble Tea / Boba est la boisson la plus connue de Taïwan, dont les magasins se retrouvent aujourd’hui partout à travers le monde. L’idée est simple : du thé, du lait, du jus de sucre de canne et des boules de tapioca. Avec de la glace, c’est la boisson parfaite pour l’été taïwanais. Armé de votre paille, préparez-vous à mâcher les “bubble” avec vos amis.

Mes conseils

  • Line et ses variantes (Line pay) : À Taïwan, comme presque partout en Asie Orientale, les applications comme WhatsApp ne sont pas utilisées. La seule valable, quasiment, est Line et l'installer est indispensable et très utile surtout si, comme moi, votre carte bancaire ne fonctionne parfois pas (ce qui est courant pour les cartes occidentales). Line Pay, l'une des fonctionnalités, se connecte directement à votre carte et fait le lien pour payer, sans frais additionnels. Une technique que j'aurais voulu connaître dès mon arrivée, car beaucoup de boutiques peuvent être payées comme ça, ce qui économise votre précieuse espèce.

  • Compte en banque : si vous ne restez que 6 mois ou un peu plus, et ne travaillez pas sur l’île, rien ne sert d'ouvrir un compte ici. Préférez prendre une carte bancaire qui ne fait pas de frais à l'international auprès de votre banque (Exemple: Globetrotter au Crédit Agricole). Cela suffit largement et marche bien couplé à LinePay lorsque la carte ne passe pas.

  • Transports en commun : ceux-ci fonctionnent très bien, et surtout, le système est centralisé ! Dès votre arrivée, achetez une EasyCard, mettez quelques centaines de TDW dessus. Bus, trams, trains locaux, metro (appelé MRT), tout passe par cette carte. Une petite borne à l'entrée sur laquelle il suffit de poser la carte et vous voilà partis !

  • Lotterie : pour pousser à la consommation, le gouvernement Taïwanais a mis en place une lotterie basée sur vos achats. Dès que vous payez quelque chose, dans presque tous les magasins et restaurants, on vous donne un ticket avec deux QR-code dessus. Le 25 de tous les mois impairs (25 Juillet, 25 Septembre, etc…), un titage a lieu, après lequel vous pouvez scanner tous vos tickets (sur Android, vous pouvez utiliser l’application Colibri). Les gagnants obtiennent de 200 NTD jusqu’à plus de 10.000.000 NTD ! Donc ne jetez surtout pas ces tickets, ils peuvent être un bon ajout à votre budget !

  • Regard des locaux : si vous n'avez pas les trait asiatiques, attendez vous à voir et ressentir les regards se poser sur vous et vous suivre constamment. Rien de malveillant là dedans, seulement une curiosité car les étrangers, bien que présents sur l'île, reste une immense minorité, surtout en dehors des grandes villes. Attendez-vous à ce que certaines personnes viennent discuter avec vous, même si leur maîtrise de l'anglais n'est pas parfaite. Et beaucoup d'enfants viendront sans doute vers vous pour vous dire "Hello" et repartir tout aussi vite.

  • Logements : trouver un logement à Taïwan est un châtiment de Sisyphe. Préparez vous à trouver de bonnes offres sans réussir, pendant parfois longtemps, à signer de contrat. La plupart des propriétaires ne parlent pas anglais et même souvent, ceux-ci refusent de vous louer leur bien car vous êtes étrangers. La raison est qu'ils s'inquiètent pour les paiements et les difficultés à échanger, barrière de la langue oblige. Vous pouvez chercher sur des groupes Facebook (attention aux arnaques, bien que très rares dans le pays) ou sur des sites web du type 591. Malheureusement, pas de site en anglais, chinois obligatoire.

  • Carte SIM : si vous restez dans le pays de quelques jours à 6 mois, prenez une carte SIM à l’aéroport (Chunghwa a de loin la meilleure couverture). C’est l’option la moins chère et il y a des réductions quand vous êtes étudiants.

  • Le permis international : Si vous comptez louer des voitures ou scooters sur l’île. Il vous faudra avoir le permis international, celui français n’étant pas accepté. Cependant, beaucoup de loueurs ne sont pas regardant, et vous laisserons partir avec le véhicule. Mais attention en cas de contrôle…

  • Restez toujours ouvert d’esprit sur la nourriture : la majorité de la cuisine taïwanaise peut être repoussante lorsqu'on est habitué à l’Europe. Beaucoup d’ingrédients que vous ne connaissez pas ou pas vraiment (tofu), beaucoup sont utilisés différemment (des oeufs directement dans les desserts).Tout ce qui est dans les Night Market est délicieux (oui, même le tofu puant !), mais il faut toujours se poser pour essayer de nouvelles choses, même après avoir passé des mois sur place. Ce seront parmi vos meilleurs et plus durables souvenirs de l’île.

  • Boissons : l’alcool est cher à Taïwan, la population buvant assez peu (lié à la biologie d’une grande partie de la population asiatique qui ne peut pas bien traiter l’alcool, et qui donc est très rapidement saoule). Les thés, boissons nationales par excellence, sont la plupart du temps très sucrés. Si cela vous dérange, il faut demander directement à ne pas mettre de sucre (préparez vous aux regards étonnés des locaux !) L’eau est potable partout, et il est facile de trouver des fontaines publiques, ce qui est nécessaire en période de fortes chaleurs (Convenience Store, temples).

  • Vol en avion : Depuis la France, 2 compagnies prédominent : Air France bien sûr, avec escale à Amsterdam ou Séoul (en partenariat avec China Airlines, compagnie taïwanaise), et Eva Air (idem) en direct Taipei-Paris. Si vous êtes étudiants, pensez à vérifier qu’il existe (comme chez Air France par exemple) des réductions. C’est moins cher et souvent, ils offrent un bagage supplémentaire.

  • Prises électriques : contrairement à l’Europe, Taïwan utilise les prises américaines, c'est-à-dire de type A/B avec un voltage de 110V. Pensez bien à apporter avec vous des adaptateurs, ils peuvent être chers à acheter une fois sur place. Aussi, pour ce qui est des câbles de PC, beaucoup achètent à Taïwan un cable, particulièrement pour les Mac.

  • Appareils électroniques : Taïwan étant central dans la production de ces produits, la plupart sont moins chers à l’achat, en particuliers si vous pensez aux remboursements d’impôt (tax refund) juste après votre achat. Attention, votre passeport vous sera toujours demandé.

  • Poubelles : les rues en sont presque entièrement dépourvus donc soyez préparés à garder vos déchets dans les poches jusqu’à chez vous, ou jusqu’au prochain 7-11 ou FamilyMart.. C’est l’un des plus grands défauts de l’île.

  • Médecine : elle est de bonne qualité et relativement bon marché. Les pharmacies sont légions et proposent tout ce dont vous pourriez avoir besoin. Les produits de beauté eux sont assez chers, surtout le skin care..

  • Moustiques : ce ne sont ni les pires ni les plus nombreux du monde, mais avoir un répulsif pourrait vous être utile, surtout si vous habitez à Taipei (les moustiques y sont réputés particulièrement nuisibles).

  • Karaoké/KTV : L’une des choses à ne pas manquer. Il existe de nombreux bars-KTV (le nom local du karaoké), avec des chansons en anglais et même avec un peu de chance en français. Ambiance assurée et rencontres avec des locaux en nombre !

  • Voyage aux alentours : il est facile depuis Taïwan de voyager dans les pays voisins et pour pas cher. Restez à l'affût des vols en direction du Japon, Vietnam, Philippines ou Thailande !

  • Pollution : Si vous faites des allergies, de l’asthme, etc…, il est toujours mieux de porter votre masque sans arrêt en ville, comme l’écrasante majorité des Taïwanais. En effet, les centres villes font face à une pollution atmosphérique très importante (conséquence entre autres du nombre de véhicules individuels type scooters).

Pour aller plus loin : 

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/taiwan/#securite : France Diplomacie sur Taïwan

https://www.taiwantourisme.com/ : Site officiel de l’Office de Tourisme de Taïwan.

Nicolas Graingeot


Écrivez-nous

Vous aimerez aussi :

Vivre à l’étranger : Prague et la République tchèque

Vivre à l’étranger : les Pays-Bas

Vivre à l’étranger : le Costa Rica