Comment vivaient les Aztèques, ce peuple remarquable et passionnant


Un descendant des Aztèques reproduisant un costume et des peintures traditionnelles durant une fête rituelle, Mexico, 2019

Un descendant des Aztèques reproduisant un costume et des peintures traditionnelles durant une fête rituelle, Mexico, 2019

Les Aztèques. Rien qu’en lisant ou entendant ce nom, une myriade d’images, d’idées, de préconceptions nous envahit. Ce peuple, à la croisée des chemins de l’Histoire, reste pour l’immense majorité d’entre nous Occidentaux un mystère, presque un mythe. Dans l’imaginaire collectif, les Aztèques sont l’incarnation même du barbarisme primitif, en particulier à travers leur coutume de sacrifice humain. Mais les Aztèques sont aussi souvent résumés à un statut de victime du colonialisme européen, et en particulier celui espagnol.

Et pourtant, cela ne surprendra personne, la réalité est plus complexe. Entre leur civilisation sophistiquée, leurs connaissances pointues, leur urbanisme qui n’avait rien à envier aux Européens ou encore leur religion complexe, les Aztèques ont su faire prospérer leur mode de vie et leur culture, avant d’être balayé par les forces espagnoles et les fléaux qu’elles amenèrent avec elles.

Nous vous proposons donc aujourd’hui de découvrir un peuple hors du commun et bien plus influent qu’il n’y paraît.

Qui étaient les Aztèques ?

Les Aztèques était un peuple d’Amérique Centrale qui occupait à l’origine la région de Mexico-Tenochtitlan, l’actuel Mexico City. Entre 1325 et 1524, ils ont bâti un empire sur les terres de l’actuel Mexique, avant d’être vaincu par les Conquistadors espagnols menés par Hernan Cortès, qui arrivèrent dans la région en 1519.

Anciens peuples nomades du nord du Mexique, ils fondèrent leur capitale Tenochtitlan en 1325 sur une île au milieu du Lac Texcoco. Le mythe dit que les Dieux avaient promis une terre aux Aztèques, et qu’ils reconnaitront cet endroit car un aigle perché sur un cactus y tiendrait un serpent entre ses serres. Ce mythe se retrouve aujourd’hui sur le drapeau du Mexique, où l’on y voit une représentation de cet événement fondateur.

Grâce à leur position stratégique sur le Lac Texcoco, au centre du bassin central du Mexique, les Aztèques ont su dominer petit à petit leurs voisins, jusqu’à étendre leur pouvoir sur l’ensemble de l’actuel Mexique. Leur prospérité se traduisit par un développement exponentiel de Tenochtitlan, leur capital, qui atteint selon des sources anciennes jusqu’à 1 million d’habitant, mais que des études plus récentes estiment plutôt autour de 200 000 à 250 000, ce qui en fait l’une des villes les plus peuplées de son époque. Ils bâtirent de gigantesques complexes religieux, dont la plupart ont été détruits durant la conquête et le règne espagnol.

Les temples de Teotihuacan

Les temples de Teotihuacan

Malgré leur statut de principale puissance en Amérique (avec les Incas d’Amérique du Sud) aux début du XVIème siècles, les Aztèques n’ont pu résister à l’arrivée des Européens sur le continent américain. Lorsque Hernan Cortés arriva avec ses 400 soldats en 1519, il profita des ennemis que s’étaient faits les Aztèques pour créer une coalition ayant pour but de les détruire. En 1521, les Espagnols prennent pour la seconde fois la capitale aztèque et la réduisent à l’état de ruine. Cet évènement marque la fin de la domination aztèque sur la région, et le début de la colonisation européenne de ces terres.

La défaite des natifs peut s’expliquer de plusieurs façon :

. Pour commencer, les Aztèques s’étaient créés un très grand nombre d’ennemis, que seule la domination militaire empêchait d’agir. Ils trouvèrent dans les Conquistadores une force capable de renverser cet état de fait.

. Les Espagnols, bien que dépassés en nombre de soldats (400 contre un Empire entier) bénéficiaient à la fois des milliers d’auxiliaires natifs, mais surtout d’un avantage technologique écrasant. Ceux-ci possédaient des chevaux, inconnus sur le continent, des armures en métal, des armes à feu dont le bruit effrayait les soldats Aztèques.

. Les Aztèques ne faisaient pas la guerre pour tuer leurs ennemis, au contraire des Espagnols. Ils avaient des rites très précis, où l’objectifs était de capturer les adversaires pour ensuite les sacrifier à la gloire des Dieux. Ils ne tentèrent donc pas de tuer les espagnols lorsque ceux-ci étaient en difficulté.

. L’un des éléments majeurs de cette défaite est aussi la maladie. Lorsque les Européens sont arrivés, ils ont emmené avec eux de nombreuses maladies inconnues des natifs américains, et en particulier la variole, cette maladie qui tuait beaucoup d’européens malgré leur résistance, et qui fit de terribles ravages dans les rangs aztèques. On estime qu’en 1519, la population indigènes au Mexique était de 20 millions de personnes, et que en 1615, 1 siècle plus tard, il ne restait que 1,5 millions d’individus.

N’oublions pas de citer l’aspect superstitieux de cette défaite : les Aztèques croyaient en un retour de leur plus grand dieu, Quetzalcóatl, sous les train d’un homme roux venu de l’Est. Hernan Cortes, le chef des conquistadores, étaient roux et avait débarqué à l’Est. Cette prophétie poussa l’Empereur aztèque Moctezuma II à accueillir avec tous les honneurs les Espagnols, sans lutter contre eux au départ.

Chez les Aztèques, la religion est partout

Malgré toutes les destructions occasionnées par la conquête espagnole, nous connaissons assez bien la religion et les rituels aztèques, en particulier via une série de Codex, des livres religieux illustrés.

Nous savons ainsi que, à l’image des Romains et de leur culte à Mars, les Aztèques vénéraient en particulier leur dieu de la guerre Huitzilopochtli, et que cette foi imprégnait toutes les strates de la société, la tournant presque exclusivement autour de la guerre et du sang versé lors des sacrifices.

Car oui, c’est bien à cela dont on pense en général lorsque qu’il s’agit d’Aztèques. Le sacrifice humain rituel était le centre des manifestations religieuses. Plusieurs milliers de prisonniers étaient sacrifiés lors de grands évènements, comme la construction de temple. Les sacrifiés étaient en général des prisonniers, capturés lors des Guerres fleuries, des affrontements très codifiés où chaque armées informait l’autre de sa présence, offrait de manière symbolique des armes au camps adverse. le but de ces guerres était de capturer les soldats ennemis pour les sacrifier aux dieux.

La foi aztèque reposait sur une conception astrale du monde. Ils avaient donc mis au point un calendrier très précis, qui servait aussi bien à calculer le temps des activités agricoles que la date exacte des équinoxes.

Même dans l’architecture, la foi se retrouve chez les Aztèques : tout d’abord, ils étaient passé maître dans la construction de temples, mais l’architecture même des habitations reflétait ce constant soucis de plaire aux dieux, avec une grande partie de chaque maisons attribuées à un sanctuaire religieux privé.

Comment vivaient-ils ?

Finalement, la vie des Aztèques ne différait de celles des européens contemporains uniquement que dans certains aspects précis.

Premièrement, il faut garder à l’esprit que les Aztèques, tout comme les autres civilisations précolombiennes, ne possédaient ni cheval, ni roue. Le transport se faisait donc entièrement à pied, sur de courtes distances. Il est donc remarquable que ce peuple ait su imposer sa domination sur des territoires si vastes sans moyen de locomotion rapide. La seule exception faite est la navigation sur eau douce. En effet, la position de Tenochtitlan dans la lagune du Lac Texcoco poussa les habitants à développer la navigation sur celui-ci, permettant un transport de marchandise bien plus important et rapide. Cela peut expliquer le rapide et important développement de la ville, et donc de la puissance Aztèque, dont les limites logistiques n’étaient pas les mêmes que d’autres cités voisines.

Socialement, la différence entre pauvres et riches se faisait via plusieurs points : tout d’abord, plus les personnes étaient aisées et plus elles portaient de plumes sur leurs vêtements. De plus, un signe de grande richesse était la possession de chaussures semblables à des sandales. De plus, la noblesse chez les Aztèques s’accompagnait aussi bien d’un savoir-faire militaire, mais aussi, et c’est assez rare en anthropologie pour le noter, de connaissances pointues en agriculture. En effet, les nobles se devaient de savoir comment cultiver, pour montrer qu’ils n’avaient pas besoin d’autres personnes pour subvenir à leurs besoins.

L’alimentation aztèque était en grande majorité végétale : des galettes de maïs, ou tortillas, des haricots, des piments, mais le Lac Texcoco permettait d’avoir accès à d’abondantes ressources en poissons et gibier d’eau, ainsi que des insectes riches en protéines.

Mais l’aspect le plus connu aujourd’hui de l’alimentation aztèque reste sans aucun doute le xocolalt, ou boisson amère en français, à base de cacao et très éloignée de ce que nous nommons chocolat. C’était un met précieux et raffiné, réservé aux plus riches de la société.

Que reste-il aujourd’hui des Aztèques ?

Au final, tout cela nous interroge : que reste-il de cette culture ? Est-ce que tout à été balayé par la colonisation européenne ? Les Aztèques sont-ils aujourd’hui tous morts ?

Et bien non, tout n’a pas disparu, aussi bien au niveau culturel qu’ethnique, les Aztèques n’ont pas disparu. Ce serait mentir que de dire que ce peuple n’a pas souffert de sa défaite écrasante face aux espagnols. Mais, même si près de 90% de la population native a disparu 1 siècle après l’arrivée des européens au Mexique, il reste encore aujourd’hui des Aztèques : la plus grande partie des Mexicains sont d’ascendance native aujourd’hui. Il y a eu un fort brassage des populations, les Aztèques restant majoritaire dans le pays même après la disparition de la plus grande partie d’entre eux. Même leur langue a survécu : le nahuatl, la langue des anciens aztèques, continue de se pratiquer encore aujourd’hui, chez près d’un million et demi de locuteur. Et son influence est grande : beaucoup de mot utilisés en français sont d’origine aztèque, comme le chocolat, xocolatl, la tomate, ou tomalt.

La cuisine mexicaine elle-même est en grande partie un héritage aztèque : les tortillas, le mole ou encore le tamal sont des plats aztèques hispanisés, alors que la préparation des avocats, des piments, des haricots suit encore la manière de faire de ces gens.

Ainsi, si aujourd’hui il ne reste plus beaucoup de monuments ou de littérature d’origine aztèque, leur héritage n’a pas cessé de se propager à travers le monde, ne serait-ce que par le chocolat et le maïs. Peuple guerrier, sanguinaire, tout entier tourné vers le conflit, il a été victime d’une volonté religieuse et politique de diabolisation, et ce dès le début de la conquête. Cette volonté a provoqué la destruction de cette civilisation, de ses villes et de ses monuments, en même temps que d’une très grande partie de son peuple.

Mais aujourd’hui, vous en savez un peu plus sur cette culture hors du commun, et vous voyez au-delà de nos préjugés centenaires, et facilement propagés par le cinéma, la littérature et l’inconscient collectif.

Nicolas Graingeot


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