Chronique des Amériques

Avril 2024


Et si l’on jetait un coup d'œil transatlantique, pour voir ce qui se passe en Amérique Latine dernièrement, un coup d’œil vers ces pays ne font pas souvent les gros titres et où, pourtant, beaucoup se passe ?

Mexique

Les tensions commerciales Chine-Mexique-Etats-Unis

En 2023, le Mexique a dépassé la Chine comme premier exportateur vers les États-Unis (presque 476 milliards de dollars en 2023 contre 427 milliards pour la Chine). Une première depuis 2002, et qui traduit peut-être la volonté des Etats-Unis de réduire leur dépendance économique au commerce avec la Chine. Ici, l'accord commercial USMCA (ACEUM en français, ex-ALENA) favorise les exportations mexicaines (principalement des pièces automobiles, des fournitures médicales et des produits agricoles) vers les États-Unis. 

Cependant, la Chine contourne en réalité ce problème et cette baisse des importations USA-Chine en augmentant ses exportations vers le Mexique pour ensuite les ré-exporter vers les États-Unis en profitant des avantages fiscaux de l'USMCA. Cela a pour effet de créer des doutes aux USA autour de la possibilité que le Mexique ne déclare pas toutes ses importations en provenance de Chine (en particulier l'acier et l'aluminium).

Cette tension entre les participants de ce “triangle commercial” touche la plupart des secteurs industriels, et notamment celui des voitures électriques. Les producteurs étatsuniens (en première position Tesla), font face à une concurrence de plus en plus importante des compagnies chinoises. BYD, la plus grande d’entre elles, a lourdement investi au Mexique et prévoit de produire environ 150.000 véhicules par an dans le pays, pour ensuite les exporter aux USA.

Alors, quel avenir dans cette situation ? D’abord, les États-Unis pourraient envisager de nouveaux outils pour limiter la présence chinoise dans les chaînes d'approvisionnement entre le Mexique et leur pays, en introduisant des quotas d’importation d’acier et d’aluminium par exemple. Mais un retour de Donald Trump à la présidence américaine durcirait sans aucun doute les relations avec le Mexique sur le commerce et l'immigration. Il pourrait même remettre en cause l’accord USMCA (en particulier parce que celui-ci, bien qu’il stimule les échanges et la production industrielle dans la région, augmente le déficit commercial entre les Mexique et les Etats-Unis, +17% en 2023, 152 milliards de dollars).

La participation en sous-main de la Chine dans les relations entre les deux voisins du Rio Grande va forcer, tôt ou tard, le Mexique a faire un choix : maintenir ses bonnes relations, obtenues difficilement et toujours vacillantes, avec les USA, ou favoriser les investissements chinois, déjà en hausse en Amérique Latine (2.2 milliards de dollars en 2022) ?

Une élection historique

Le 2 juin prochain, le Mexique élira sa nouvelle présidente, une première dans son histoire.

Les deux candidates (de gauche) en liste sont Claudia Sheinbaum (MORENA, au pouvoir) et Xochitl Galvez (PAN-PRI-PRD). L’une comme l’autre sont des avocates de la place des femmes dans le pays, et prônent une politique sociale, contre la corruption et les gangs.

Les Disparus

La vainqueure devra mener son mandat de six ans avec le bilan de celui de Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO).

Bien qu’il ait gardé tout du long un bon taux d’approbation (entre 58% et 65%) et que ses politiques sociales aient relever le salaire minimum, amélioré les conditions de travail, le système de santé et celui de l’éducation, un problème, le plus important, est resté bien ancré. Il s’agit de la violence de gang, provoquant chaque année des milliers de meurtres et de disparitions, en plus de favoriser une corruption déjà endémique à tous les échelons administratifs.

Et c’est dans sa gestion des disparitions qu’AMLO cristallise les critiques : le registre national recense plus de 110.000 disparus, mais le gouvernement estime que seuls 12.377 le sont réellement, ce qui a su exaspérer les nombreux collectifs de proches à la recherche de réponses. Ceux-ci dénoncent une manipulation des chiffres pour minimiser la catastrophe en vue des élections, pour ne pas mettre en danger les chances de son parti, MORENA.

AMLO a été beaucoup critiqué après un recensement gouvernemental opaque en Juin dernier, et mené par une commission en sous-effectif et en sous-financé.

Et cela montre l’attitude passive du gouvernement actuel vis-à-vis des gangs : 96% des cas criminels finissent classés et enterrés, et 2.710 tombes clandestines ont été découvertes depuis 2018.

Equateur

Une situation de violence catastrophique

Depuis quatre ans, l’Equateur a glissé dans une atmosphère de violence et d’assassinats, passant de l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine à l’un des plus dangereux du monde. En 2019, le taux d’homicide était de 6.7 pour 100.000 habitants, similaire à celui des Etats-Unis. En 2023, certaines sources le font monter à plus de 45 pour 100.000.

Le 7 Janvier dernier a vu l’évasion d’un grand chef de gang, provoquant des émeutes dans la plupart des prisons du pays. Des vidéos de criminels exécutant des gardiens ont commencé à le répandre sur les réseaux sociaux alors que les rues voyaient des affrontements avec les gangs, à coup de bombes, de tirs et d’enlèvements. Le 9 Janvier, au beau milieu d’une émission populaire, des membres de gang ont pris en otages les personnes présentes, diffusant pendant près de 15 minutes des signes de gangs, de la dynamite et des pistolets automatiques en terrorisant les témoins et les menaçant de mort. Dans le même temps, d’autres gangsters prennaient en otage des étudiants et échangeaient des tirs avec la police 

Quelques personnes tentent tout de même de s’opposer à la puissance grandissante des gangs. En particulier, la Procureure Générale Diana Salazar est à la tête d’une commission d’enquête, Caso Metástasis, qui cherche les nombreux liens entre gangs, police et politiciens. Mais l’opposition n’est pas sans danger : en Août dernier, Fernando Villavicencio, candidat à la présidence et ancien journaliste d’investigation, a été assassiné quelques jours avant l’élection. Et plusieurs personnes ont été arreté car ils fomentaient l’assassinat de la Procureure Générale.

Figure 1. Taux d'homicide par 100.000 habitants, 2017-2023

Depuis Janvier donc, le pays est en état d’urgence, et le président, Mr. Noboa, fait patrouiller l’armée dans les rues du pays. Il a déclaré sa propre guerre contre les gangs, à l’image du Président du Salvador Nayib Bukele, mais manque des moyens et de la popularité de ce dernier pour être aussi efficace. Aussi, les gangs sont installés beaucoup plus profondément dans le pays, et sont soutenus par ceux colombiens à la frontière, et l’expertise des gangs mexicains, en particulier Sinaloa. Le port de Guayaquil est désormais un hub du trafic de cocaïne vers le reste du monde, en particulier en Europe et aux Etats-Unis.

La lutte contre cette corruption endémique, en particulier les liens entre politiciens et gangs, promet d’être encore longue et sanglante.

Et Dimande 21 Avril 2024, les Equatoriens ont été invité à voter en referundum obligatoire à propos de la mise en place d’un changement de Constitution, pour autoriser, ou non, l’armée régulière d’opérer de façon permanente dans le pays en dehors de l’état d’urgence. Ce referundum porte aussi sur l’allongement des peines de prison pour les crimes liés aux gangs et sur l’autorisation pour l’armée et la police d’utiliser les armes saisies aux criminels. L’inspiration des lois sécurité de El Salvador et Nayib Bukele se fait très clairement sentir.

Une crise diplomatique Equateur-Mexique

Le 5 avril dernier, la police équatorienne a mené un raid sur l’ambassade mexicaine à Quito, pour arrêter l’ancien Vice-Président Jorge Glas, malgré la déclaration d’asile politique.

Cette intervention a été condamnée à travers le monde pour violation du droit international. Le gouvernement mexicain a immédiatement déposé une plainte à la Cour Internationale de Justice de La Haye.

Il semblerait que Jorge Glas est une figure centrale de la corruption en Equateur, ayant reçu beaucoup de pots-de-vin, le menant à deux condamnations à de la prison, en 2017 et 2020. Sa fuite à l’ambassade du Mexique intervient après la révélation qu’un baron de la drogue a payé plus de $250.000 un juge pour arranger la libération de Mr. Glas.

L’Equateur a donc risqué de perdre le soutien international au moment où il en a le plus besoin pour sa lutte à l’intérieur, pour arrêter un élément clé de ses enquêtes. Désormais, c’est à la Cour International de Justice de trancher l’affaire.

Dans les Caraïbes

Haïti, ou quand les gangs font la loi

Depuis Juillet 2021, Haïti vit dans le chaos, depuis l’assassinat du président d’alors, Jovenel Moïse. Et la situation a encore empiré lorsque son successeur, Ariel Henry, alors en voyage diplomatique, a été forcé de démissionner par les gangs de Port-Au-Prince. Aujourd’hui, ces derniers dirigent plus ou moins toute la vie haïtienne, alors que la CARICOM, la communauté des 15 pays caribéens, veut installer un gouvernement de transition. Celui-ci doit gouverner jusqu’à au moins Février 2026, lorsque des élections seront organisées.

Mais sa tâche promet d’être difficile, car beaucoup d’Haïtiens voient dans ce gouvernement une institution au service des pays étrangers. Même chose pour la mission de maintien de l’ordre de l’ONU, qui devrait, si elle se maintien, être menée par le Kenya, mais qui, pour le moment, reste au point mort.

En attendant, c’est à la police, en sous-effectif et sous-armée, de faire ce qu'elle peut pour maintenir un semblant d’ordre, alors que les gangs occupent effectivement de larges portions de la capitale, dont l’aéroport Toussaint-Louverture, et que des habitants forment des sortes de milices, barricadant des rues et faisant justice eux-même.

Les îles caribéennes européennes comme porte d’entrée privilégiée de la cocaïne

Source : OFDT

Depuis quelques années, l’Europe représente le plus gros marché du monde pour la cocaïne venue d’Amérique Latine. Et une façon assez simple de faire pénétrer la marchandise sur ce marché est encore de la faire arriver dans les îles européennes des Caraïbes

Les plus intéressantes à ce niveau là sont les îles françaises, en leurs qualités de départements à part entière et donc membres de l’Union Européenne. La Guyane aussi, par la facilité qu’il y a à y entrer illégalement, attire les trafiquants. L’an dernier, ce sont près de 10.000 personnes qui se sont vus refusés par la douane par suspicion d’être des mules.

C’est par mer que la plupart du trafic se fait (2.7 tonnes de saisie au Havre, venant de la Guadeloupe le 17 mars dernier). C’est environ la moitié de la cocaïne saisie chaque année en France qui vient des Antilles.

Même chose dans les possessions du Royaume-Uni (Îles Vierges Britanniques) et des Pays-Bas (Suriname et Curaçao).

Ce qui revient dans chaque situation reste le manque de moyens pour lutter contre ce trafic. C’est ce qui a été reproché à E. Macron durant sa visite en Guyane le 25 Mars.


Déforestation amazonienne

Notre génération, ceux nés entre 1997 et 2012, la “génération Z”, a grandi avec le refrain sans cesse répété de la catastrophe de la déforestation du “poumon de la Terre”, l’Amazonie, en particulier au Brésil.

Aujourd’hui, il y a une lueur d'espoir pour cette dernière, car les taux de déforestation en Amérique du Sud ont diminué de 23 % entre 2022 et 2023. Cette tendance coïncide avec l'investiture de présidents mettant en avant leurs conscience écologique, Lula da Silva au Brésil et Gustavo Petro en Colombie .

Le Brésil, principal théâtre de la déforestation, a connu une baisse significative de 36 % par rapport à 2022. Lula y a mis en œuvre diverses stratégies pour freiner celle-ci, notamment en créant de nouveaux larges territoires indigènes protégés, en renforçant l'application de la loi à l'aide de nouvelles technologies (dont satellite) et en luttant contre l'exploitation minière illégale qui ronge le pays. Toutefois, des problèmes persistent, tels que les grèves des fonctionnaires et la résurgence des activités illégales d'extraction de l'or (la même chose se produit dans tous les pays de l’Amazonie, dont en Guyane française).

La Colombie a connu une réduction encore plus impressionnante de son taux de déforestation, qui atteint 49 % en 2023. Ce résultat peut être attribué à la fois aux politiques gouvernementales, comme le paiement des habitants pour protéger les arbres, et à l'application plus stricte de la loi par des groupes armés comme l'Estado Mayor Central (EMC).

Si ces tendances sont encourageantes, des pays tels que la Bolivie ont connu une recrudescence de la déforestation, ce qui souligne la nécessité permanente de pressions et de soutiens internationaux. L'engagement des nations amazoniennes à ne plus déboiser la jungle d'ici 2030 reste pour l’instant un objectif assez naïf, car il reste encore beaucoup à faire pour assurer le maintien de la forêt tropicale.


Revers dans la lutte contre la corruption dans la région

La suspension d'une amende colossale ($2.6 milliards) infligée à Novonor (connue sous son ancien nom Odebrecht) une entreprise de construction impliquée dans un scandale de corruption au Brésil, par le juge de la Cour suprême met en lumière un phénomène inquiétant : le recul des efforts de lutte contre la corruption dans la région.

Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de dégradation de la perception de la corruption en Amérique latine. Le Brésil, par exemple, a perdu dix places dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International en 2023. Ce recul coïncide avec les efforts des politiciens pour affaiblir ou démanteler les mesures anti-corruption. L'enquête Lava Jato, lancée il y a dix ans au Brésil, a été une immense affaire qui a mis en lumière des stratagèmes de corruption massifs impliquant le géant pétrolier Petrobras et de grandes entreprises de construction. Elle a conduit à la destitution d'une présidente, Dilma Rousseff, et à l'emprisonnement de personnalités puissantes comme l'ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, l’actuel président. Des enquêtes similaires se sont alors multipliées dans la régions : au Pérou, cinq anciens présidents furent mis en examen, et l’un d’eux se suicida à l’arrivée de la police. D’autres anciens présidents, à El Salvador, au Panama, en Colombie, en Equateur, au Paraguay, au Mexique furent aussi impliqués dans de telles affaires.

Cependant, au Brésil, les méthodes de l'enquête ont ensuite été remises en question, avec des accusations de manquements à l'éthique des procureurs et d'accusations à caractère politique. Cela, conjugué aux efforts fructueux des politiciens pour discréditer le système judiciaire et se soustraire aux poursuites, a conduit à un retour en arrière important des réalisations de Lava Jato.

Le démantèlement de cette initiative a eu un effet dissuasif dans toute la région. Des efforts similaires pour saper la lutte contre la corruption sont toujours en cours dans des pays comme le Honduras, le Guatemala et le Pérou. Cet affaiblissement des institutions crée un terrain fertile pour que la corruption resurgisse.

Le Brésil, qui a été à l'avant-garde de la lutte contre la corruption en Amérique latine ces dernières années, offre un exemple frappant du recul actuel. Les décisions récentes du juge, qui a suspendu les paiements d'amendes par les entreprises impliquées dans des affaires de corruption et annulé des preuves cruciales recueillies dans le cadre de l'enquête Lava Jato, ont été largement critiquées comme étant motivées par des considérations politiques. Ces décisions ont non seulement permis à des entreprises corrompues d'échapper à la justice, mais elles ont également envoyé un message clair aux autres acteurs potentiels : l’impunité est de mise, moyennant suffisament de financement.

Le recul de la lutte contre la corruption en Amérique latine est un sujet de préoccupation. La corruption sape les institutions politiques (comme en Equateur ou au Mexique, pour ne citer qu’eux), entrave le développement économique d’une région déjà en retard et érode la confiance du public dans ses politiques. Le manque grandissant d'indépendance du système judiciaire dans la plupart de ces pays reste au cœur du problème.


Les investissements chinois dans la transition énergétique de l’Amérique Latine

L'Amérique latine fait partie des leaders de l'énergie renouvelable, avec 60 % de son électricité provenant de sources propres. Elle dispose également de riches réserves de minéraux nécessaires à la production de technologies vertes. Et aujourd’hui, la Chine inonde le marché des panneaux solaires, des véhicules électriques et des batteries, en raison de leur prix abordable et de leur efficacité. En 2023, 99 % des panneaux solaires importés en Amérique latine étaient fabriqués en Chine.

Dans cette situation, les États-Unis craignent de perdre la course mondiale des technologies vertes et ses importantes retombées économiques. Ils s'inquiètent également de la sécurité, redoutant la collecte de données par la Chine à partir des véhicules électriques (70 % des VE importés en Amérique latine l'année dernière étaient chinois). ou la manipulation d'infrastructures critiques comme les réseaux électriques. Sur le plan politique, ils craignent que la Chine n'utilise sa domination en matière de technologies vertes pour exercer des pressions sur les pays latino-américains.

De leur côté, les pays d’Amérique latine considèrent les investissements chinois ($2.2 milliards en 2022) comme un facteur aidant leur développement écologique et la création d'emplois, même si la propriété chinoise d'infrastructures suscite aussi des inquiétudes.

Des semiconducteurs en Amérique Latine ?

Depuis la crise logistique née du Covid, et les tensions grandissantes avec la Chine, les États-Unis cherchent à réduire leur dépendance envers l'Asie pour la fabrication de puces électroniques, qui représente aujourd’hui 75% de la production mondiale (Taïwan et Corée du Sud principalement). Cette stratégie vise à rapatrier des emplois manufacturiers et à limiter la dépendance vis-à-vis de pays potentiellement sous influence chinoise ou risquant de passer sous son contrôle.

Ce changement de dynamique dans la chaîne logistique représente une belle opportunité pour les pays de l'Amérique latine. Les salaires plus bas et le fuseau horaire proche des États-Unis en font une région attrayante pour l'assemblage, le test et le conditionnement des puces. Cette activité pourrait stimuler les économies locales et les aider à améliorer leur place dans la chaîne de valeur de l'industrie électronique, à haut profits.

Des développements encourageants ont déjà eu lieu dans la région. Intel a investi $1,2 milliard dans une usine au Costa Rica dans les deux dernières années, employant aujourd'hui 4.000 personnes et représentant 60% de la valeur d’export des produits de recherche et développement du pays. Son voisin le Panama collabore avec l'Arizona State University pour former sa main-d'œuvre dans le domaine des semi-conducteurs. Mais la taille des deux pays limite le développement d’une grande industrie de ce type, ce qui pousse à considérer l’expansion vers de plus grandes économies.

Le Mexique pourrait être un candidat sérieux, et pourrait bénéficier grandement de cette relocalisation, mais le pays souffre de pénurie d'eau (la production de semi-conducteurs en demandant en grandes quantités) et d'un manque d’agenda politique clair et stable sur le sujet.

Le Brésil, lui, vise une "autosuffisance" en matière de puces électroniques, un objectif irréaliste pour n’importe quel pays, et discute avec la Chine sans résultats concrets plutôt que de développer sa place dans cette complexe chaîne logistique.

Pendant ce temps, l'Asie continue d'attirer les investissements majeurs, avec des projets de 22 milliards de dollars en Malaisie et des initiatives prometteuses au Vietnam et en Inde (où le pouvoir politique favorise ce développement). Le risque actuel pour les pays de l'Amérique latine est de manquer une occasion cruciale de développer sur leurs sols et pour leur compte une industrie très lucrative et stratégique.



Nicolas Graingeot


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